Me Mellah considère que dans l'affaire Fekhar, notamment le traitement judiciaire "tardif et sélectif" en termes de poursuites, la justice "vise des personnes" et "ne se base pas sur des faits". Le renvoi de l'affaire Fekhar par la chambre d'accusation devant le tribunal criminel de Ghardaïa n'est pas porteur d'espoir. Le collectif d'avocats de la défense considère que ce renvoi "n'est autre qu'une fuite en avant" qui servirait "à justifier une détention" qui dure depuis près de deux années. Si sur le plan légal, les avocats de la défense, qui ont tenu, hier, un point de presse à Alger, estiment que le dossier "est entaché de graves irrégularités", il n'en demeure pas moins que le volet politique de l'affaire plane toujours sur la décision de la justice. Mes Dabouz, Ahmine et Mellah ont exprimé "des appréhensions" et "une crainte de voir leur mandant" payer de leur liberté "dans un dossier vide". Me Mellah Abdelhak explique que l'affaire de Ghardaïa "dépasse de loin le cadre régional et les intérêts locaux". Elle est l'expression, dit-il, "d'une justice soumise". Me Mellah considère que dans l'affaire Fekhar, notamment le traitement judiciaire "tardif et sélectif" en termes de poursuites, la justice "vise des personnes" et "ne se base pas sur des faits". Pour lui, les personnes visées par "cet acharnement judiciaire" sont "celles qui s'opposent à un plan de normalisation". Il en veut pour preuve "l'irrespect des droits de la défense", qui ne peut être "l'œuvre d'une justice indépendante", mais d'une "institution instrumentalisée". Me Mellah est catégorique. Il estime que la justice, "au lieu de servir à rétablir la vérité et rendre justice, a décidé de pacifier et d'éliminer des gens et des idées qu'elle estime contraires à un plan de normalisation de la région". De son côté, Me Noureddine Ahmine a expliqué que le fait de s'acharner contre le Dr Fekhar et Nacereddine Hadjadj "n'est autre qu'une manière de casser des symboles de la région", avant d'alerter sur l'état de santé de Fekhar, en grève de la faim, pour rappel, depuis le 3 janvier écoulé. Me Ahmine a ajouté que Fekhar était "un lanceur d'alerte" durant les événements de Ghardaïa. L'avocat a rappelé que le mandat pour l'arrestation de Fekhar, établi par le procureur général, "est illégal". Me Dabouz est, quant à lui, revenu sur les déclarations de hauts responsables de l'Etat sur les événements de Ghardaïa, rappelant que toutes les plaintes de Fekhar n'ont pas eu de réponse. Me Dabouz a rappelé que la note d'arrestation de Fekhar et des autres datait du 8 juillet 2015. La veille, "une agression avait eu lieu à Guerrara où 23 personnes ont été assassinées et une réunion s'est tenue le 8 juillet à la Présidence en présence du chef de l'Etat, d'Ouyahia, de Sellal et d'un responsable sécuritaire consacré exclusivement à la situation qui prévalait à Ghardaïa". Faisant le lien entre le mandat du procureur général, la réunion à la Présidence et les événements de Guerrara, Me Dabouz estime que l'arrestation de Fekhar "est une décision politique". L'avocat rappelle qu'Ahmed Ouyahia, chef de cabinet à la Présidence, a accusé "des jeunes qui recevaient 50 000 DA par jour pour mettre le feu aux poudres dans la région". Amar Saâdani, alors SG du FLN, a accusé, quant à lui, rappelle l'avocat, le général Toufik d'être derrière les événements. Selon Me Dabouz, toutes ces informations corroborent celles de Fekhar qui a exigé une commission d'enquête indépendante sur les événements. Me Dabouz a fait remarquer que lors des déclarations de Saâdani contre le général Toufik, "le ministre de la Justice et le président de l'APN étaient présents". Mohamed Mouloudj