La section Algérie d'Amnesty International estime que, souvent, l'Algérie ne se conforme pas aux conventions internationales signées. La section Algérie d'Amnesty International a organisé, hier, une conférence de presse, à l'hôtel Sofitel d'Alger, pour présenter son évaluation annuelle 2016/2017 de la situation des droits de l'Homme à travers le monde. Cette organisation estime que la situation des droits humains en Algérie ne diffère pas vraiment de la tendance internationale marquée par un discours de haine et de diabolisation. En résumé, cette ONG reproche aux autorités algériennes de "restreindre les libertés d'expression et de religion, de poursuivre des détracteurs passifs du gouvernement dans le cadre de procès inéquitables, d'expulser des réfugiés et migrants arbitrairement", alors que "des responsables d'atteintes graves aux droits humains, perpétrées par le passé, continuent de bénéficier de l'impunité". Amnesty International déplore aussi la "prononciation de nombreuses peines de mort" même si, pour autant, il n'y a pas eu de passage à exécution des personnes condamnées. La responsable de la section Algérie, Hassina Ousseddik, a également abordé la révision de la Constitution qu'elle a qualifiée "d'acte manqué parce qu'elle n'a pas abouti à l'abolition de la peine de mort et à donner un statut et une protection adéquate aux réfugiés". Révision de la Constitution : "Un acte manqué" Selon elle, certaines références constitutionnelles positives existent, mais elles restent dépendantes "de lois nationales qui permettent de porter atteinte aux libertés, à l'instar de l'article fixant les cas d'outrage au président de la République". Elle rappelle, à ce titre, l'exemple de Mohamed Tamalt, condamné à deux ans de prison pour outrage au Président et aux institutions publiques, en raison des messages qu'il a publiés sur sa page Facebook et son blog. Amnesty International revendique une commission d'enquête indépendante sur les circonstances de sa mort en détention. Hassina Oussedik cite également le cas de Hassan Bouras, journaliste et militant des droits de l'Homme, condamné à un an de prison pour complicité d'outrage à des agents de la force publique et à corps constitué, ainsi que le cas de Kameleddine Fekhar et ses codétenus dans la région de Ghardaïa. "On assiste à des procès inéquitables", estime la représentante d'Amnesty International à Alger, réclamant que l'on autorise "l'avocat à assister aux interrogatoires". Rappelant que le ministre de la Justice a déclaré récemment que 14 lois ont été promulguées en peu de temps, elle relève qu'en revanche, "rien ne bouge sur le plan de la liberté d'expression", ajoutant qu'"on a l'impression qu'il y a blocage à ce niveau". Plusieurs atteintes à la liberté de culte ont été, en outre, énumérées par Hassina Ousseddik, comme l'arrestation de membres de la communauté musulmane Ahmadie en raison de leur foi et la condamnation de Slimane Bouhafs à cinq ans d'emprisonnement par le tribunal de Sétif pour avoir "dénigré l'islam et insulté le prophète" dans des messages qu'il a partagés sur sa page Facebook. La section Algérie d'Amnesty International fait remarquer que souvent, le pays ne se conforme pas aux conventions internationales signées. Le Comité des droits de l'Homme des Nations unies avait conclu que l'Algérie avait violé plusieurs articles de droit international pour absence d'enquête sur la plainte de l'homme d'affaires Medjdoub Chani qui avait affirmé avoir été détenu en secret et torturé par des agents du DRS au cours des interrogatoires qui ont suivi son arrestation en 2009, dans le cadre de l'affaire dite de l'autoroute Est-Ouest. Concernant la situation des droits des femmes, Amnesty International dénonce le harcèlement qu'elles subissent dans la rue et demande la suppression de la clause du pardon dans les cas de violences corporelles ou verbales. Elle regrette que le viol conjugal ne soit pas considéré comme un crime par le code de procédure pénale. Texte qui permet aussi au violeur d'échapper aux poursuites s'il épouse sa victime. Globalement, le code de la famille est jugé discriminatoire à l'égard des femmes en matière de mariage, de divorce, de garde des enfants, de tutelle et d'héritage. Interrogée sur la colonisation française en Algérie, Hassina Ousseddik répond que "l'avis d'Amnesty International se fonde sur le droit international et la loi. En Algérie, la population a été prise en otage. Quand il y a un crime de guerre, on doit réclamer vérité et repentance". N. H.