Il n'a pas hésité à présenter l'acte de vote comme une affaire de sécurité nationale. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locale, Noureddine Bedoui, s'est rendu, avant-hier, jeudi, dans la wilaya de Tizi Ouzou, où, sous couvert d'une visite d'inspection, il a déployé toute son énergie pour convaincre de la nécessité d'un vote massif aux prochaines élections législatives du 4 mai prochain. Conscient, sans nul doute, du profond désaveu des urnes qui caractérise cette région où le taux de participation n'avait même pas atteint le taux de 20% aux précédentes législatives, Noureddine Bedoui a surfé sur tous les registres possibles pour tenter de convaincre même les plus réticents d'aller glisser leurs bulletins dans l'urne. Le ministre n'avait guère de temps à perdre. L'objet de sa visite a été d'entrée dévoilée en appelant les Algériens à voter massivement. Pour convaincre, Noureddine Bedoui n'a pas fait mieux que de puiser dans le discours officiel ambiant, qui consiste à brandir la menace étrangère contre laquelle il faudra se prémunir, les détracteurs de l'Algérie auxquels il faut asséner une leçon, à louer les programmes économiques initiés par le président de la République. "Des voix, sur des chaînes étrangères, essayent de ternir l'image de l'Algérie en disant que notre pays n'a ni stades, ni autoroutes, ni eau... mais cette image n'existe que dans leurs esprits car le citoyen algérien est conscient de ses acquis et du destin de son pays. L'Algérie des années 1990 avec sa guerre civile et ses 200 000 victimes a su se remettre debout grâce aux institutions sécuritaires et au peuple, et a lancé divers programmes de développement qui l'ont hissée à un appréciable niveau de développement. Aujourd'hui encore, avec ses enfants, ses institutions, sa Constitution, son ouverture et son dynamisme, elle préservera ses acquis et relèvera les défis qui l'attendent", a-t-il déclaré d'emblée. "Certains, dans d'autres endroits lointains, bien qu'ils soient minoritaires, essayent et rêvent, de jour comme de nuit, de voir l'Algérie devenir comme la Syrie ou l'Irak, et c'est pour cela que j'appelle les Algériens à voter massivement pour donner une leçon à ceux-là et donner ainsi l'image d'une Algérie unie, forte, indivisible et surtout déterminée à préserver ses acquis", a-t-il déclaré non sans présenter l'acte de vote comme une affaire de sécurité nationale, et ce, en soulignant que "voter, c'est conforter la stabilité du pays et participer à sa sécurisation" et que "la jeunesse doit être consciente des enjeux et de ce qui nous entoure comme instabilité et volonté malsaine de nuire au pays". Le ministre a avoué que l'opération d'assainissement du fichier électoral n'est pas achevée : "L'opération de révision exceptionnelle du fichier électoral s'est terminée mercredi à minuit et nous avons beaucoup assaini notre fichier grâce à l'introduction des TIC. Je ne dirais pas que nous avons fini de l'assainir, mais nous allons continuer même après les élections législatives ce grand travail d'assainissement." Tout au long de son périple marathonien qui l'a conduit sur plusieurs projets publics, pour la plupart ne relevant pas de son secteur, tels que les chantiers de la pénétrante à l'autoroute Est-Ouest, le barrage Souk N'Tléta et le nouveau pôle urbain d'Azazga, puis sur plusieurs entreprises privées fraîchement créées ou en extension, qu'il a présentées comme le fruit de l'accompagnement de l'Etat, le ministre, interpellé par le P/APW, a annoncé qu'il défendra, auprès du gouvernement, le dégel de certains projets structurants prioritaires, dégagera des financements pour des zones d'activités et accompagnera l'administration locale dans sa modernisation pour faire de Tizi Ouzou une wilaya-pilote. Ayant annulé sa rencontre avec la société civile suite à la menace de boycott de sa visite par le FFS et le RCD, le ministre n'a pas hésité à transformer certaines de ses haltes en rencontre de proximité avec les citoyens qu'il a voulu sensibiliser autour des élections et qui lui répondaient en exprimant, à chaque fois, des avalanches de doléances. Samir LESLOUS