"... Si les causes des difficultés financières actuelles de notre Etat étaient exogènes, elles ne sont pas sans impact sur la cadence du développement", a souligné le chef de l'Etat. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui n'a pas dérogé à la règle qu'il a instituée depuis qu'il n'effectue plus de visites sur le terrain en dehors de la capitale, soit depuis son accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, a émis un message à l'occasion de la double célébration du 24 Février, création de la Centrale syndicale UGTA en 1965 et la nationalisation des hydrocarbures en 1971. Lu en son nom par son conseiller, Mohamed Ali Boughazi, à Djelfa, où ont lieu cette année les festivités commémoratives officielles, le message, intervenant en période de précampagne électorale pour les législatives, s'est articulé autour d'une idée-force : une exhortation à la résistance et au sacrifice pour faire face aux difficultés du moment, celles économiques, en premier lieu. Le président Bouteflika, à qui une bronchite aiguë a fait rater, en milieu de semaine, un important rendez-vous politique et démocratique, a considéré que, pour assurer une meilleure portée à son leitmotiv, il fallait user d'un liminaire qui établisse le bilan, sinon oppositif du moins appréciable du développement post-indépendance. "Si je m'arrête avec vous à travers ce message sur les situations de gloire et d'édification et les situations de crise et d'épreuve qui ont été suivies d'un départ nouveau et fort sur la voie de la construction et de la prospérité, c'est en fait pour vous faire parvenir un appel d'espoir en les potentialités de l'Algérie. Un appel à la résistance face aux soubresauts de la crise financière actuelle, un appel à la méditation sur les sacrifices de nos aïeux, afin de sortir, encore une fois, triomphants de notre situation financière difficile", écrit-il, exploitant l'opportunité de ce message pour soutenir, une fois de plus — affirmation sujette à caution —, évidemment, que "la gouvernance clairvoyante du gouvernement a permis d'éviter le pire, en tout cas d'amortir le choc de la crise financière. (...) Et si les causes des difficultés financières actuelles de notre Etat étaient exogènes, elles ne sont pas sans impact sur la cadence du développement. Un impact que nous avons contenu grâce aux mesures clairvoyantes prises tout au long de ces dernières années", note encore le message, avant de souligner que "cependant, la véritable victoire pérenne sur cette crise financière est celle de mettre l'Algérie à l'abri de son itération, tout comme elle exige de nous, Algériennes et Algériens, une relance solide et multidimensionnelle aux fins de remettre sur les rails le processus de construction de l'économie nationale, une économie libérée de l'hégémonie des hydrocarbures et diversifiée à l'image de la diversification des capacités agricoles, touristiques, minières, industrielles et autres de notre pays". Le président Bouteflika, que les critiques des ONG et les appréciations souvent négatives du développement économique national semblent irriter, demande aux travailleurs, qualifiés de boucliers, de ne pas "prêter attention aux thèses dogmatiques et discours pessimistes". Le chef de l'Etat, scrutin législatif oblige, assurément, ne manque pas, par ailleurs, de rendre un hommage appuyé aux travailleurs, notamment pour "leur résistance et leur combat durant les années de braise et de la tragédie nationale, pour que l'Algérie demeure debout et que son économie prospère au milieu de la destruction et du terrorisme". Et, sans conteste, le symbole de cette résistance est incarné par Abdelhak Benhamouda, le secrétaire général de l'UGTA assassiné en 1997. Le message présidentiel, une fois cette résistance mise en exergue, s'est employé, dans un exercice peu évident, à lui adjoindre les projets de concorde et de réconciliation nationales comme prolongements logiques. "Si les travailleuses et travailleurs étaient à l'avant-garde à l'appel de la patrie pour la sauver de la destruction et du chaos, ils étaient aussi mobilisés et engagés en faveur de l'option de la concorde civile et de la paix et la réconciliation nationales (...) Et c'est là que nous prenons toute la mesure de la réconciliation nationale, qui a permis au pays d'amorcer un retour à l'édification dans un climat de paix et de stabilité." La stabilité se trouve fort justement évoquée itérativement par les membres du gouvernement, le ministre de l'Intérieur notamment, qui a estimé, avant-hier, à Tizi Ouzou, que la mobilisation électorale est un rempart contre les manœuvres de déstabilisation du pays. S. A. I.