Hier, de nombreuses universités du pays étaient paralysées par un mouvement de protestation enclenché par le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes). Ce syndicat entend, par cette action, tirer la sonnette d'alarme quant à la profonde crise dans laquelle se débat l'université algérienne. D'ailleurs, le thème choisi pour cette action, soit "Sauvons l'université", est, sans équivoque, pour signaler les dangers qui guettent ce lieu de savoir. Aussi bien à Alger, qu'à Oran, à Tizi Ouzou, à Bouira et à Béjaïa, pour ne citer que ces universités, les enseignants du supérieur se sont mobilisés en masse pour dire : "Halte à la clochardisation de l'université" et surtout attirer l'attention de la tutelle sur les "graves dérives" enregistrées au sein des différents campus du pays. Selon les responsables du Cnes, le taux de suivi de ce débrayage avait atteint à la mi-journée, hier, les 80%, ce qui est, selon eux, un "bon résultat". En effet sur ses 37 bureaux régionaux, 33 ont répondu à l'appel de ce syndicat. Ainsi, l'université Akli-Mohand Oulhadj de Bouira était entièrement paralysée, hier, par ce mouvement de protestation. Selon le président du Cnes local, le taux de suivi était de l'ordre de 90%. Même constat à l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa, où des dizaines d'enseignants et professeurs ont protesté devant le siège du rectorat pour dénoncer la situation "chaotique et critique" dans laquelle se débat l'université. "Nous en avons ras-le-bol ! notre institution est à la dérive et notre tutelle observe un mutisme et une passivité quasi complices. C'est honteux", s'insurgera une enseignante rencontrée sur les lieux. Du côté de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, selon le coordinateur du Cnes local, Samy Ould-Ali, la mobilisation du corps professoral était massive. "Nous avons tenu notre rassemblement devant le rectorat pour dénoncer le climat délétère qui règne au sein de nos universités et de la nôtre en particulier", a-t-il fait savoir, tout en précisant que la marche des enseignants, qui devait avoir lieu, hier, a été finalement reportée à dimanche prochain, afin de ne pas "interférer" avec cette action d'ordre national. À Alger, où le Cnes est fortement implanté, le taux d'adhésion à ce mouvement oscillait entre 75 et 90% selon les différents coordinateurs que nous avons contactés. Dans un communiqué publié au milieu de l'après-midi, le Conseil national des enseignants du supérieur s'est félicité de la mobilisation de ses adhérents, tout en appelant ces derniers à "s'organiser" pour d'éventuelles actions. En outre, le bureau national de ce syndicat a été chargé de "suivre l'évolution et l'évaluation de la situation, lui conférant la prérogative d'appeler à une semaine de grève s'il juge utile de durcir le mouvement de protestation, au cas où la tutelle s'obstinerait dans sa position de refus de dialogue notamment", est-il indiqué. Par ailleurs, il importe de rappeler que le Syndicat autonome des enseignants du supérieur solidaires (Sess), affilié à la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (Cgata), avait récemment dénoncé également "le marasme et les scandales à répétition" dans lesquels se débat l'université algérienne, tout en pointant un doigt accusateur en direction du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. RAMDANE B.