Installé, hier, à la grande surprise générale, en tant que nouveau P-DG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, n'est pas, pour ainsi dire, un inconnu. Et pour cause ! L'opinion nationale n'a certainement pas la mémoire courte pour se souvenir de cet ancien P-DG de la société mixte algéro-américaine Brown & Root Condor (BRC), qui a eu maille à partir avec la justice algérienne. BRC, aujourd'hui dissoute, était une filiale de Sonatrach en association avec la multinationale américaine Halliburton qui avait, notons-le, pour P-DG, de 1995 à 2000, le vice-président US de l'administration Bush, l'inénarrable Dick Cheney. Condamné le 26 novembre 2007 à 30 mois de prison par le tribunal militaire de Blida, Abdelmoumen Ould Kaddour, ce brillant polytechnicien, diplômé du Massachusetts Institute of Technology (MIT), était présenté au moment des faits comme un proche de Chakib Khelil, l'ancien ministre de l'Energie, lui-même réputé pro-américain, si ce n'est qu'il serait ressortissant de l'hyperpuissance, comme véhiculé par la rumeur. Avant cela, un événement sanglant viendra mettre sous les feux de la rampe BRC, une première fois. En effet, la société mixte algéro-américaine s'était fait connaître d'abord en décembre 2006 par l'attaque de deux de ses bus qui transportaient ses employés à Bouchaoui, à l'ouest d'Alger. L'attentat terroriste avait fait, pour rappel, un mort, le chauffeur d'un bus et plusieurs blessés dont trois étrangers, un Américain, un Canadien et un Libanais. Quelques mois plus tard, survenait l'affaire BRC proprement dite. Malgré la gravité des faits alors reprochés à l'ex-n°1 de BRC et à des officiers de l'armée, notamment la surfacturation dans la réalisation de certains projets pour le compte du ministère de la Défense nationale, Ould Kaddour n'aurait pas purgé entièrement sa peine, selon certaines sources qui jurent l'avoir vu se promener librement dans le quartier huppé de la capitale, Hydra. Chose impossible à vérifier, pour l'heure, et dont d'autres sources doutent. Une chose est sûre : l'affaire avait fait grand bruit ! Confiée d'abord au doyen des juges d'instruction près le tribunal de Bir-Mourad-Raïs, l'affaire BRC, qui avait fait couler beaucoup d'encre, avait été instruite ensuite par la justice militaire, pour lui donner, très certainement, un cachet plus confidentiel. Il est vrai que BRC était considérée alors comme un véritable "nid d'espions" à l'origine du vol et de la fuite de documents classés "secret-défense" et se rapportant "dangereusement" au renseignement militaire. Quant aux révélations sur les transactions effectuées pour le compte de Sonatrach, du ministère de l'Energie ou encore celui de la Défense, certaines sources évoquent la surfacturation à hauteur de 20 fois le prix réellement consacré par BRC. Du coup, ce retour en grâce, diversement interprété, d'Abdelmoumen Ould Kaddour à la tête de la première entreprise du pays reste tout au moins surprenant. Avait-il été manipulé ? Etait-il plutôt victime que coupable ? Agissait-il pour compte ? Si tel était le cas, pour le compte de qui ? Son retour aujourd'hui par la grande porte n'a pas encore livré tous ses secrets. Wait and see ! Mohamed-Chérif Lachichi