Parmi "les lignes rouges" tracées par le ministre signataire des deux documents, le respect dévolu à la personne du président de la République et de l'institution qu'il représente. Le ministère de la Communication a adressé hier une circulaire aux cinq chaînes de télévision privées autorisées à couvrir les élections et dont les bureaux sont accrédités en Algérie, ainsi qu'une charte pour une couverture médiatique "éthique et équitable" des élections du 4 mai 2017 destinée à l'ensemble des médias nationaux. Dans le premier document, le ministère de la Communication exhorte les chaînes de télévision privées à veiller à leur "devoir de sensibilisation". Ces médias sont donc "tenus de veiller à la sensibilisation des électeurs sur l'exercice de leur droit de vote et ne doivent, en aucun cas, œuvrer à décrédibiliser les élections ou donner la parole à des parties qui appellent au boycott". Le deuxième document, présenté sous forme d'une "charte", appelle tous les médias à prendre "la juste mesure des enjeux" en considérant "cette prochaine échéance électorale comme un test grandeur nature qui mettra à l'épreuve leur capacité à se montrer à la hauteur de la liberté d'expression que leur garantit la démocratie". Il est énoncé également dans cette charte "de l'accès direct des médias aux partis et candidats", qui dispose que "tous les partis ou candidats ont le droit d'accès direct aux médias sur une base équitable et non discriminatoire". S'agissant "de l'équilibre, de l'impartialité et de la modération", les médias ont "le devoir d'équilibre et d'impartialité particulièrement important en ce qui concerne les programmes d'actualité partisane, mais aussi de modération dans le sens où ils ne doivent rapporter de la communication des partis en présence que les contenus qui revêtent un caractère informatif. Ils doivent, par ailleurs, éviter de servir l'intérêt et la cause de groupes partisans aux dépens d'autres acteurs politiques en présence". Partant de ce postulat, les médias doivent "bannir les télés-trottoirs durant la campagne électorale, en tant qu'élément d'évaluation de la notoriété des forces politiques présentes, car ces émissions ne peuvent, en aucun cas, tenir lieu de sondage d'opinion crédible, du fait qu'elles peuvent produire un effet de manipulation sur l'opinion publique". Ce "devoir d'équilibre" est explicité davantage plus loin car il implique que les partis ou candidats "doivent bénéficier d'une couverture médiatique proportionnelle à leur importance tant sur le plan politique que durant la campagne". Cette obligation est d'ailleurs perçue comme un "gage de transparence" du prochain scrutin. Concernant "l'équité", les médias, même en cas de manque de moyens, "doivent s'efforcer de donner de la visibilité, durant la campagne, aux forces politiques en présence". En matière de "veille éthique", les médias sont tenus de "bannir en leur sein tout comportement émanant de journalistes, de responsables et d'autres travailleurs, traduisant une ligne de conduite partiale qui favorise un parti ou un candidat aux dépens d'autres partis ou candidats". Le ministère demande aussi aux médias d'interdire "toute diffusion en direct de débats et déclarations politiques, susceptibles de porter atteinte à la sécurité publique et à l'Etat et/ou pouvant donner lieu à des dérapages contraires à l'éthique journalistique et politique". Enfin, autre ligne rouge, et non des moindres, tracée par le ministre signataire des deux documents, les médias doivent "proscrire toute offense ou parole outrageante, injurieuse ou diffamatoire à l'encontre de la personne du président de la République et de l'institution qu'il représente". Mohamed-Chérif Lachichi