Les organisateurs de cet évènement ont dédié cette édition au dramaturge Mohia et à l'écrivain Tengour, à travers des récitals poétiques, des représentations de danses et une exposition. Une forte émotion a caractérisé le spectacle artistique, organisé samedi dernier, dans le cadre de la 5e édition de l'évènement les "Muses exilées" organisé par le café littéraire de Béjaïa, au théâtre de la ville. Pour cette édition, les "Muses exilées" ont rend un hommage à Mohia, un auteur prolifique, - dramaturge et poète kabyle décédé en 2004 - et à Habib Tengour, poète, écrivain et socio-anthropologue, qui vit entre la France et l'Algérie. Le coup d'envoi de cette manifestation a été donné par un couple de danseurs, Fouzia Zaïdi, (architecte de formation et présidente de Tamazgha building) et Halim Bouarouri, (artiste-danseur autodidacte). La première a exécuté une danse en solo sur le rythme chaoui, et ce, avant de revenir en compagnie de son complice pour y exécuter en couple une danse moderne. À noter qu'il s'agit d'amateurs, qui ont appris seuls, cet art, a indiqué Kader Sadji du Café littéraire de Béjaïa. Outre la danse, le public a eu droit, dans le hall du théâtre à une exposition collective de trois artistes peintres des villes de Béjaïa et Constantine. Toujours dans le sillage de l'hommage, de jeunes poètes en herbe et des musiciens ont gratifié l'assistance par des déclamations poétiques sur un fond musical, reprises des œuvres de Mohand Ou Yahia et de Habib Tengour ainsi que des extraits de ses romans dont Le vieux de la montagne. Dans le cas du premier, le public connaissait les poèmes pour y avoir été immortalisé par les chansons de Ferhat Imaighen Imula du groupe Ideflawen, notamment celles consacrée aux détenus politiques de Berroughia au milieu des années 1980 et Tahia Berzidane sur l'homme providentiel. Ecrite et composée vers la fin des années 1970, c'est un tableau sans concession sur la pratique politique en Algérie. À travers cette représentation, le public fort nombreux a eu à découvrir ou à redécouvrir Mohya, qui est né en 1950 à Azazga dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il a consacré plusieurs années de sa vie à adapter en kabyle des œuvres théâtrales telles que Am win yergen rebbi (En attendant Godot) de Samuel Beckett, La jarre (Tacbaylit) de Luigi Pirandello, Le médecin malgré lui et Tartuffe de Molière, Le ressuscité de l'écrivain chinois Lu Xun, Les émigrés de l'écrivain polonais Slawomir Mrozek. L'œuvre de Mohya touche aussi d'autres domaines dont la littérature. Il a, à son actif, des poèmes, des nouvelles et des textes littéraires divers, qui sont de sa création ; il a sauvé de l'oubli, la littérature populaire qu'il a recueillie et/ou complétée. Et enfin la traduction et l'adaptation vers le kabyle à partir du français des œuvres du patrimoine littéraire (et/ou artistique) étrangers. Concernant, Habib Tengour, il est né à Mostaganem en 1947. Par la suite, Habib étudie à Paris où s'est installée sa famille. L'enfant grandit dans le bouillonnement politique qui habitait, à cette époque de la guerre de Libération d'Algérie, les milieux de l'émigration et de la gauche française. Après sa licence de sociologie, il rentre en Algérie pour y accomplir son "Service national" qui comporte une période d'entraînement militaire et une de service civil. C'est dans le cadre de celle-ci qu'il est affecté à l'université de Constantine comme enseignant. Il y préparera sa thèse de 3e cycle et continue aujourd'hui encore à y enseigner, partageant son temps entre l'activité universitaire et l'écriture, naviguant en permanence entre la France et l'Algérie. Pour rappel, les "Muses exilées" ont été imaginées puis concrétisées au sein du Café littéraire de Béjaïa par des artistes divers, qui touchent à différentes disciplines. Les organisateurs ont pour ambition de permettre à de jeunes talents de montrer leur art. Et de se voir offrir une tribune pour s'exprimer devant un public pas trop regardant sur les imperfections – il s'agit le plus souvent d'amateurs - mais qui sait apprécier l'effort et surtout l'audace, comprendre la bravoure d'oser des actions difficiles en affrontant une assistance le temps d'un spectacle.