Une nouvelle fois, une affaire de trafic de drogue a été jugée cette semaine à Oran, et une nouvelle fois en l'absence des principaux responsables commanditaires, barons ou chefs de bande. Lors du procès qui a eu lieu récemment au tribunal criminel, le baron présumé (en tout cas désigné comme tel par la présidente d'audience) ne se trouvait pas dans le box des accusés où se tenaient Gh. Hassan, Gh. Allaoua, S. Fouaz et T. Rabah afin de répondre pour les chefs d'inculpation d'importation, détention, transport et commercialisation de drogue en bande organisée. Les faits ont pour théâtre la wilaya de Béchar quand les services de renseignements de l'armée reçoivent des informations sur un convoyage de drogue depuis Béni Ounif, commune située à la frontière algéro-marocaine, vers la wilaya de M'sila, à 740 km en direction du nord. Les renseignements mentionnent la date du passage du convoi (soirée du jeudi 15 octobre 2015) et les types de véhicules à surveiller : une Mercedes, une Hyundai et un camion Sonacome K66. Sous l'autorité du commandement de la 3e région militaire, trois barrages sont alors installés à la sortie de Béni Ounif avec la participation de l'ensemble des services de sécurité de la wilaya. Aux environs de 22h, l'opération se solde par la saisie de 698,500 kg de kif traité, sous forme de 26 colis dissimulés derrière des cageots de légumes à bord d'un Sonacome K66 immatriculé à Sétif, l'immobilisation d'une Mercedes et d'une Hyundai qui avait tenté de forcer le passage et l'arrestation de trois personnes : Gh. Allaoua qui conduisait la voiture allemande, en possession d'un sachet contenant 800 g de kif, et Gh. Hassan et T. Rabah qui étaient à bord de la voiture asiatique. Quant au conducteur du camion, un dénommé Smaïl, il parviendra à prendre la fuite, de même que se volatilisera S. Madani qui se trouvait aux côtés de Allaoua à bord de la Mercedes, et qui se révélera, plus tard, comme étant le chef de bande. Interrogés et présentés devant le magistrat instructeur, les trois suspects, rejoints par S. Fouaz, propriétaire de la Mercedes et frère du présumé chef du réseau Madani, seront inculpés de trafic de drogue en bande organisée. L'enquête déterminera, par ailleurs, que la marchandise appartenait à un proche de Madani, un baron du nom de Tahar, que les services de sécurité n'arriveront pas à localiser, de même qu'ils n'arriveront pas à repérer Smaïl, chauffeur du camion, et Madani. Durant le procès, les quatre inculpés rejetteront toutes les accusations qui pesaient sur eux et nieront toute implication dans ce trafic de drogue. Tous disent avoir été bernés par Madani ou incriminés à tort par les services de sécurité. Ce que le représentant du ministère public refuse de croire, lui qui s'appuie sur les arrestations en flagrant délit, les aveux des suspects lors des interrogatoires et les dangers que représente le trafic de drogue sur la santé publique et l'économie pour requérir la perpétuité pour l'ensemble des accusés. Plus pointilleux, les avocats de la défense relèvent les "insuffisances de l'enquête" qui tendent à prouver, affirment-ils, que les accusés ont été jetés en pâture à la place des véritables responsables. Au retour des délibérations, la cour déclarera Gh. Hassan, Gh. Allaoua et T. Rabah coupables des faits qui leur étaient reprochés et les condamnera à la prison à perpétuité. S. Fouaz, lui, sera acquitté.