Depuis sa réélection, le Président attend que “les conditions soient réunies” pour proposer son projet d'amnistie générale au référendum populaire. Il semble que quelques progrès viennent d'être réalisés dans le sens souhaité. À la conférence des magistrats, Bouteflika a exprimé l'irréversibilité de son projet : “dans le cas où le peuple souverain est d'accord” — ce qui dans le contexte national revient à une condition formelle —, “la justice aura à exécuter l'amnistie générale.” L'entreprise de réunion des “conditions” a donc démarré. Les contacts entamés par Smaïl Abderrezak, secrétaire général du PRA et président de la Commission nationale de l'amnistie générale, donnent une idée des “conditions” préalables au référendum. La Cnag, qui s'est déjà assuré l'apport réconciliateur de Ben Bella, lorgne Aït Ahmed, Mehri et Hamrouche. Il restera à convaincre Louisa Hanoune et Djaballah. Abassi Madani, de fait interdit de territoire, maître Ali Yahia Abdennour, passé à l'opposition “démocratique” depuis que les archs et la presse affrontent plus de procès que les islamistes, et Anouar Haddam étant retenu aux Etats-Unis, c'est tout ce qui peut encore être récupéré de Sant'Egidio. La commission s'emploie, parallèlement à la reconstitution du contrat de Rome, à approcher les bénéficiaires premiers de l'œuvre nationale en cours : les terroristes. D'après son responsable, la commission a étudié 5 000 dossiers d'anciens membres de l'AIS et 20 lettres individuelles d'“émirs” du GIA ou du GSPC qui posent leurs problèmes de réintégration professionnelle et… d'indemnisation ! Ne nous effarouchons pas encore ! “Des terroristes nous ont contactés pour nous exprimer leur disposition à déposer les armes si l'Etat leur donne des garanties.” Parce que ces terroristes, en activité donc, et qui arrivent à communiquer avec les institutions sans subir leurs contraintes bureaucratiques, ne se contenteraient point d'une simple impunité et auraient donc quelques exigences à voir satisfaites ! Les conditions préparatoires au référendum seraient donc, d'une part, la restauration du contrat de Rome et, d'autre part, l'enregistrement des exigences des terroristes. Elles concernent donc un élargissement de la coalition politique à ceux qui soutiennent la réhabilitation de l'aile hégémonique de l'intégrisme et la détermination d'un contrat d'indemnisation avec les terroristes. Ainsi les “conditions” en question ne touchent pas aux électeurs ni aux victimes, mais aux exigences des bénéficiaires de l'amnistie. Souvenons-nous — oui, et contrairement à ce que le consensus totalitaire veut imposer, la mémoire est toujours utile : l'article sur la grâce amnistiante n'était pas prévu dans la loi portant concorde civile ; et une loi qui, par sa lettre, devait faire autorité pour une période de six mois est, six ans plus tard, et en sa violation propre, toujours en cours ! M. H.