En dehors de cette inénarrable commission d'amnistie (CNAG), dont tout le monde sait que ses membres, qui font de l'agitation médiatique quotidienne, sont animés par les préoccupations de mangeoire, les autres acteurs de la scène politique n'ignorent pas les difficultés, voire les pièges que peut poser une telle démarche. Le projet d'amnistie générale que le président Bouteflika veut promouvoir est en soi une idée fort généreuse, et a priori il n'y a aucune raison de s'y opposer. D'autant que sa finalité proclamée est de refermer définitivement la parenthèse des dix années de violence islamiste qui ont causé tant de tort au pays. Mais sur le terrain, force est de constater que les conditions politiques de sa mise en œuvre sont loin d'être aujourd'hui réunies. Et en dehors de cette inénarrable commission d'amnistie (CNAG), dont tout le monde sait que ses membres, qui font de l'agitation médiatique quotidienne, sont animés par les préoccupations de mangeoire, les autres acteurs de la scène politique n'ignorent pas les difficultés, voire les pièges que peut poser une telle démarche. À commencer par le président Bouteflika lui-même qui a reconnu hier qu'une amnésie générale, qui signifie ipso facto le blanchiment pur et simple des protagonistes de la crise, posera plus de problèmes qu'elle n'en réglera. À titre d'exemple, les responsables de l'ex-FIS, bénéficiant des dispositions de l'amnistie, pourraient revendiquer, en toute légitimité, leur retour sur la scène politique. Et d'ailleurs Ali Benhadj, qui n'a rien perdu de ses chimères, avait déclaré il y a quelques jours que “personne ne m'empêchera de faire de la politique”. Les parents des victimes du terrorisme, comme d'ailleurs ceux des personnes disparues ne sont pas près de tourner la page aussi facilement. Sans doute que les plaies ne sont-elles pas encore suffisamment cicatrisées pour rendre possible hic et nunc la mise en œuvre d'un tel projet politique. Et quand bien même le peuple algérien l'adouberait à travers un référendum, il n'est pas du tout dit, loin s'en faut, qu'il aboutisse à la consécration irréversible de la concorde dans notre pays. C'est même le contraire qui pourrait surgir, c'est-à-dire un retour à la case départ, tant les conditions qui ont produit la crise des années 90 sont toujours présentes. Cela, le président Bouteflika semble l'avoir bien senti. D'où, à notre sens, la nécessité de ne pas prendre des raccourcis et de laisser le temps à ce grand maître qu'est le Temps . N. S.