Préférant ne pas répondre à ces provocations, les responsables du parti avaient appelé à la vigilance et donné des instructions strictes à ce sujet. Une politique qui a visiblement porté ses fruits. Le RCD de Bouira a organisé, hier, sa traditionnelle marche du 20 Avril, qui s'est déroulée dans le calme et sans incident. Pourtant les autorités avaient, depuis dimanche soir et jusqu'à mardi, procédé à des interpellations de militants du parti qui collaient des affiches, notamment à M'chedallah et El-Esnam. Préférant ne pas répondre à ces provocations, les responsables du parti avaient appelé à la vigilance et donné des instructions strictes à ce sujet. Une politique qui a visiblement porté ses fruits. Ainsi, c'est vers 11h que les marcheurs, au nombre de 500 selon les organisateurs, ont démarré à partir de la placette des Martyrs de Bouira pour se diriger vers le siège de la wilaya. À leur tête les élus locaux, notamment les P/APC de Haïzer et d'El-Esnam ainsi que le coordinateur régional de la jeunesse libre du RCD, M. Kaci Bougara. Tout au long du parcours, les participants n'ont eu de cesse de réclamer une officialisation "effective" de tamazight. "Le pouvoir, par l'officialisation factice de tamazight, cherche à leurrer l'opinion publique sur la nature de notre revendication", clament les manifestants. "Une langue officielle veut dire une égalité avec l'arabe dans tous les domaines, or c'est loin d'être le cas !", dénoncera Kaci Bougara, qui ajoute : "Aujourd'hui, on veut que les deux langues nationales et officielles cohabitent et soient sur un pied d'égalité, soit dans l'enseignement, dans la visibilité dans les médias et dans les documents administratifs." Arrivés à proximité du pont Sayeh, les marcheurs ont marqué une halte pour scander à l'unisson un retentissant "Assa Azeka, Sadi (Saïd, ndlr) yella yella" (aujourd'hui, demain il y aura Saïd Sadi). Un véritable cri d'amour pour le fondateur du RCD, qui, dit-on, pourrait un jour revenir aux commandes de son parti. Ont été également scandés les habituels slogans : "Corrigez l'histoire, l'Algérie n'est pas arabe" ou encore "Bouteflika-Ouyahia, houkouma irahabiyaia" (Bouteflika-Ouyahia gouvernement terroriste) et le non moins célèbre "Pouvoir assassin". Une fois arrivés devant le siège de la wilaya, où un imposant dispositif sécuritaire les attendait, les organisateurs prendront la parole pour dénoncer "les tromperies du pouvoir", ainsi que la "tartuferie" de l'officialisation de tamazight. "En mauvais élève en module de démocratie, ce pouvoir négationniste refuse d'assimiler la portée démocratique du Printemps amazigh. Il a osé tenter de normaliser cette date à l'avant-garde du combat de l'amazighité", indiquera l'orateur sous les applaudissements. Dans un communiqué destiné à la presse, le RCD de Bouira dénonce énergiquement "le harcèlement policier", dont certains de ses militants ont été victimes. "Le RCD a déjà appelé à la vigilance, car le pouvoir nous a habitués dans les contextes politiques de règlements de compte claniques à créer des abcès de fixation pour faire diversion (...) Dans la nuit du 18 au 19 avril 2016 et en pleine campagne d'affichage de l'appel à cette marche du 20 Avril pour exiger l'officialisation effective de tamazight, des militants ont été arrêtés puis relâchés à M'chedallah, d'autres ont été provoqués et menacés par les policiers à Bouira ville", est-il écrit. Le communiqué le RCD regrette que "le pouvoir tente de normaliser la date symbolique du 20 Avril à travers une honteuse célébration folklorique assurée par sa clientèle locale". R. B.