Dix jours seulement après le référendum constitutionnel qui lui donne les pleins pouvoirs, le président turc Recep Tayyip Erdogan a lancé, via les services de sécurité, une nouvelle vague d'arrestations dans les milieux de l'opposition présumés proche du prédicateur Fethullah Gülen, ont rapporté les médias locaux et les agences de presse. La police turque a arrêté hier plus de 1000 personnes soupçonnées d'appartenir à la mouvance du prédicateur exilé aux Etats-Unis, désigné par Ankara comme l'instigateur du putsch manqué de juillet 2016, a annoncé le ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu. "Ce matin, une opération a été lancée dans 81 provinces. Elle se poursuit. Au moment où je vous parle, 1009 (personnes) ont été arrêtées dans 72 provinces", a déclaré M. Soylu, cité par l'agence de presse progouvernementale Anadolu. "C'est une mesure importante dans l'intérêt de l'Etat de la République de Turquie", a déclaré le ministre. Selon Anadolu, quelque 8500 policiers participent à cette opération qui s'inscrit dans de vastes purges lancées après une tentative de coup d'Etat dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016. Depuis le coup de force, plus de 46 000 personnes ont été incarcérées et plus de 100 000 limogées ou suspendues. Ces mesures ont suscité l'inquiétude d'ONG et de pays européens qui dénoncent une répression tous azimuts qui vise notamment les milieux pro-kurdes et des médias. M. Gülen, un prédicateur septuagénaire qui vit aux Etats-Unis, est désigné par Ankara comme l'instigateur du putsch manqué de juillet, ce que l'intéressé dément catégoriquement. Les autorités turques accusent M. Gülen, un ancien allié du président Erdogan, d'être à la tête d'une "organisation terroriste" qui a infiltré les institutions pour construire un "Etat parallèle". Mais le prédicateur affirme diriger un réseau d'écoles, d'ONG et d'entreprises baptisé Hizmet ("Service" en turc) visant à promouvoir un islam progressiste et éclairé. Le gouvernement turc a exhorté à plusieurs reprises Washington d'extrader le prédicateur, mais ses demandes sont restées lettre morte jusqu'à présent. Le président turc Erdogan doit rencontrer mi-mai son homologue américain Donald Trump lors d'un déplacement aux Etats-Unis. Le dossier Gülen devrait être l'un des principaux points abordés. Le coup de filet survient 10 jours après la victoire de M. Erdogan à un référendum sur le renforcement de ses pouvoirs. R. I./Agences