Résumé : En fin de journée, Kahina retourne au théâtre. Elle est fière de constater que son article faisait sensation parmi les artistes présents. Tahar était au premier étage où on préparait une collation. Il lui demande comment elle trouvait Mustapha. Comme je ne disais rien, il me regarde dans les yeux et lance : -Alors ? Comment tu le trouves ? -Qui ? Mustapha ? -Qui d'autre alors ? -Il est gentil. -C'est tout ? -Il est cultivé et très romantique. -Oui, et quoi encore ? -Oh, je ne le connais pas encore assez. Je devine cependant que c'est quelqu'un de bien. -Parfait, et toi ? -Quoi, moi ? -Tu es aussi gentille, belle, intelligente. On dit bien qui se ressemble s'assemble. Il soupire. -Je vous envie tous les deux. À votre âge, tous les rêves sont permis ! Je fronce les sourcils. -Mais toi non plus, tu n'es pas vieux ! -Oh que si ! J'ai roulé ma bosse, ma petite. Enfin, si on conçoit que j'ai cette bosse. Regarde un peu sur mon dos si elle y est. Comme je ne comprenais pas, il se met à rire avant de boire son verre d'eau d'une seule traite. Il s'essuie la bouche et reprend : -Il y a encore quelque chose d'innocent en toi, Kahina. Et c'est ça qui attire les hommes autour de toi. Tu as un visage angélique qu'on pourrait repeindre sans fard. Je suis un peu métaphorique dans mes propos, je voulais dire qu'on pourrait reproduire sur une toile sans trop d'artifices. Je fronce encore les sourcils. -Mais non, tu n'y es pas. Je suis aussi diabolique qu'une sorcière. Tu ne connais encore rien de moi. Il toussote. -Il me semble qu'une poétesse, qui taquine la magie des mots, peut bien être une sorcière. Mais une sorcière très agréable, qu'on aimerait plutôt côtoyer. Tu fais des malheureux sur ton passage, ma chère petite, et tu as déjà tué un homme rien que par ton regard. -Ah ! -Ne fais pas mine de fuir une réalité qui s'impose à toi. À vous deux. -À nous deux ! -Oh ! tu oublies Mustapha déjà ! Je t'apprends tout de suite que c'est son anniversaire, et nous voulions lui en faire la surprise. Tous les artistes se sont donné le mot pour se retrouver ici vers 18h. En attendant, et afin qu'il ne se doute de rien, j'ai envoyé un groupe d'amis pour le distraire et l'empêcher de monter. (À suivre) Y. H.