Résumé : Après avoir mangé à sa faim, le mendiant sonne chez Linda. Il lui avoue qu'il n'était pas fou et lui demande des vêtements. Dans l'attente de lui trouver des fringues, elle lui offre une couverture. Elle soupire et lance : -Ecoutez, jeune homme, je pourrais vous offrir quelques vieux vêtements de mon mari, mais pas aujourd'hui, les cartons se trouvent au grenier, et cela demande un peu de temps pour les ouvrir tous et chercher quelque chose qui vous irait. Mon mari est aussi grand que vous, et je crois pouvoir vous trouver un pantalon et une chemise. Mais pour le moment, je pense qu'une vieille couverture vous suffira pour passer la nuit au chaud. -Oh oui, madame ! Cela ira très bien, d'autant plus que j'ai déjà passé deux nuits à grelotter sur le banc du jardin public. -Attendez un petit instant. Linda ouvre un placard à l'entrée du couloir et prend une grande couverture en lainage bleue. Une couverture encore neuve qu'elle avait à peine utilisée. -Tant pis, se dit-elle, il y a des gens bien plus malheureux que nous autres. Ouvrant la grille d'entrée, elle la tend au jeune homme : -Voilà, c'est tout ce que j'ai trouvé pour le moment. Il s'en empare fébrilement : -Merci. Merci beaucoup, madame. -Demain, je vous donnerais quelques vêtements. -Je compte sur vous. Et j'espère que je ne vous ai pas fait peur avec ma barbe et ma "tenue". Linda sourit et hausse les épaules : -Non. Vous ressemblez à un mendiant. L'homme ébauche un sourire aussi. -Vous m'en voyez flatté, plaisante-t-il. Il avait l'air moins affamé et avait même repris des couleurs, constate Linda. Ah, la vie ! Personne n'échappe à ses affres ! Elle referme la porte et traverse le grand hall pour se diriger vers le salon. De là, elle reprend son poste devant la fenêtre et remarque que son "mendiant" s'était sagement rassis sur le banc du trottoir lui faisant face et qu'il était en train de lire. Oui. Il lisait un journal. Un vieux journal sûrement pris dans la poubelle ! "Cet homme est intrigant. Il doit cacher un secret. J'ai l'impression qu'il n'est pas non plus dans le besoin. Et puis, on voit bien qu'il est instruit. Il a de bonnes manières, des manières qui ne trompent pas sur son éducation ! Qui est-il ? D'où vient-il ? Et pourquoi porte-t-il cette camisole ?" Elle laisse tomber le rideau et hausse les épaules. "Qu'ai-je donc à voir avec ce mendiant ? Quel qu'il soit, je n'ai pas à m'immiscer dans son existence. Il est juste de passage dans le quartier, et je parie que demain, après avoir récupéré ses vêtements, il quittera à jamais les lieux." Elle s'éloigne de la fenêtre. Distraite pour un moment par le mendiant, elle avait oublié ses propres préoccupations. Il commençait à faire nuit, et son mari n'avait toujours pas donné signe de vie. Elle monte les deux étages de la villa et se retrouve au dernier palier menant vers la terrasse. Elle se dirige alors vers le grenier et introduit une grosse clé dans la serrure de la porte en bois. (À suivre) Y. H.