Résumé : Après avoir remis une couverture au mendiant, Linda se poste à sa fenêtre et remarque que ce dernier s'était installé sur un banc et lisait un vieux journal. Intriguée, elle monte au grenier pour lui trouver des vêtements. De grands cartons s'empilaient çà et là, et il y avait les vieux meubles changés juste après son mariage, et dont on ne s'était pas encore débarrassé. Elle ouvre le tiroir d'une commode et tombe sur un album-photos. -Tiens, que fait cet album ici ? J'avais pourtant pris soin de vider tous les tiroirs. Elle ouvre l'album et des photos de ses fiançailles avec Salah s'étalent devant ses yeux. Elle sent soudain des larmes inonder ses joues. Comme elle a été naïve de croire au bonheur ! La voici avec son père et ses demi-frères devant leur ancienne maison. C'était le jour où Salah avait officialisé leur union. Ils revenaient tous de la mairie et elle s'était sentie la plus heureuse des femmes sur terre. Elle avait cru en un avenir meilleur et au bonheur auprès d'un mari aimant. Quelle illusion ! Emue, elle referme l'album et essuie ses joues. Cela ne sert plus à rien de pleurer ou de se lamenter sur son sort. Il faut savoir accepter son destin, se dit-elle. Heureux encore que je ne crève pas de faim comme ce mendiant. Elle se rappelle qu'elle était justement au grenier pour lui dénicher quelques vieux vêtements. Elle ouvre un grand carton et fouine dedans un moment, avant de tomber sur des jeans en bon état. Salah était svelte, et le problème de la taille ne devrait pas se poser. Ensuite, elle tombe sur d'autres vêtements dont son mari ne voulait plus, et choisit une chemise à carreaux bleus et blancs, un tee-shirt noir, un jogging orange à rayures grises et une paire de trainings blanches. -En guise de vêtements, ce mendiant va pouvoir se constituer une véritable garde-robe, se dit-elle. -Et son aspect répugnant ne sera plus qu'un souvenir. Elle met le tout dans un grand sachet et redescend au rez-de-chaussée. La nuit était tombée depuis un bon moment, et Salah n'était toujours pas rentré. La sonnerie du téléphone la fera sursauter. Elle décroche d'une main fébrile et reconnaît la voix de son mari. -Linda ! Tu n'es pas encore couchée, j'espère ? La jeune femme jette un coup d'œil à la pendule murale. 21h30. -Non, pourquoi ? -Eh bien, parce que cela fait déjà une demi-heure que j'essaye de te joindre. Où étais-tu donc ? -Au grenier. -Mais que diable faisais-tu au grenier ? -Rien. Je suis tombée sur un album-photos, et j'ai pris tout mon temps pour contempler d'anciens souvenirs. -Et tu t'es tellement concentrée que cela t'a empêchée d'entendre la sonnerie du téléphone. Bien, je comprends. C'est souvent nostalgique des photos. Tu as dîné ? -Non, pas encore. Elle rajoute ironiquement. -Je t'attendais. -Eh bien il faut dîner et te coucher ma chérie. Je ne vais pas pouvoir rentrer ni ce soir ni demain, un travail urgent m'appelle dans une autre ville. Je dois me déplacer dans l'immédiat avec quelques collègues. (À suivre) Y. H.