Visiblement ragaillardis après le fort taux d'abstention-près de 70%- enregistré lors des législatives de jeudi dernier, les boycotteurs plaident, désormais, pour l'application de l'article 102 de la nouvelle Constitution, l'équivalent de l'article 88 de l'ancienne. L'article en question est relatif à la destitution du président de la République pour cause de son invalidité physique à exercer ses fonctions. "Lorsque le président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l'impossibilité totale d'exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l'unanimité, au Parlement de déclarer l'état d'empêchement (...)", stipule exactement l'article 102. Lors d'une conférence de presse conjointe tenu hier au siège de son parti, Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, et ses alliés de circonstance, Farid Mokhtari (Force Algérie), Mohand Arezki Ferad ou encore le chroniqueur à El Khabar, Saad Bouakba, ont en effet appelé à l'unanimité à l'application de cet article pour destituer Abdelaziz Bouteflika et permettre aux Algériens d'élire un président valide et capable de diriger le pays. Pour ces acteurs politiques ayant choisi, disent-ils, de "rejoindre le peuple" pour boycotter les législatives, la réalité de la maladie de Bouteflika et donc de l'impossibilité d'exercer ses fonctions a été, encore une fois, clairement prouvée à l'occasion du scrutin de jeudi dernier où il a été dans l'obligation de se faire assister pour accomplir son devoir de voter, comme le permet l'article 45 du code électoral. Cet article stipule en effet, que "tout électeur atteint d'infirmité le mettant dans l'impossibilité d'introduire son bulletin dans l'enveloppe et de glisser celle-ci dans l'urne est autorisé à se faire assister d'une personne de son choix". S'il s'est agi d'un citoyen lambda, le fait serait passé anodin, mais pour un président de la République, c'est pour le moins contradictoire avec l'article 102 de la Constitution. C'est l'argument avancé par Soufiane Djilali qui dénonce, en outre, le fait que Bouteflika soit, de surcroît, assisté d'un "mineur", allusion à son jeune neveu qui l'avait accompagné, jeudi dernier, au bureau de vote. "Pourquoi, d'une part, on accepte d'appliquer sur lui (Bouteflika), l'article 45 du code électoral alors que de l'autre, on refuse d'appliquer l'article 102 de la Constitution ?", s'interroge M. Djilali. Revenant aux élections législatives, le groupe de soufiane Djilali dont des membres manquant, pour des empêchements personnels, à la conférence d'hier, à l'instar de Karim Tabbou, Ali Boulenouar ou encore Salah Debbouz, n'a pas manqué de tacler les participants, notamment les partis de l'opposition, à ces législatives. "Le scrutin de jeudi a démontré que les boycotteurs incarnent le premier parti du pays. Les partis de l'opposition ayant participé à cette échéance doivent, pour le moins, présenter des excuses au peuple", a préconisé Soufiane Djilali, sa fléchette est adressée particulièrement à ses alliés d'hier dans le cadre de la Cltd et de l'Icso...Les boycotteurs qui qualifient le scrutin de jeudi dernier de "véritable référendum contre le pouvoir", refusent, toutefois, de s'approprier cette "intelligence" du peuple. "C'est nous qui sommes allés vers le peuple et non pas le contraire", ont-ils habillement commenté. Farid Abdeladim