La question reste, en effet, posée quant aux motivations de ce tâtonnement. Que réserve-t-on à ce département appelé à jouer un rôle crucial dans la mise en place d'une économie alternative ? Le nouveau Premier ministre Abdelmadjid Tebboune se prépare à présenter le plan d'action de son gouvernement devant les députés fraîchement élus, à l'occasion d'une séance prévue le 18 juin en cours à l'hémicycle Zighoud-Youcef, où l'Exécutif risque de se présenter diminué d'un de ses membres, en l'occurrence celui du Tourisme. Deux semaines, en effet, après la désignation par le président de la République des membres du gouvernement et du rocambolesque scandale de la désignation puis du limogeage, 48 heures plus tard, du détenteur de ce portefeuille, Messaoud Benagoun, pour ne pas le nommer, on ne lui connaît pas encore de successeur. Nommé le 24 mai dernier au pied levé, en remplacement d'Abdelmalek Sellal, M. Tebboune s'apprête donc à se conformer aux dispositions de la nouvelle Constitution qui accorde au Premier ministre un délai de 45 jours pour présenter son plan d'action, qui devrait être conçu dans l'esprit d'une action d'urgence en raison de l'effondrement des recettes pétrolières. Mais, le faire alors qu'un de ses membres manque à l'appel du fait d'une nomination qui tarde à se faire, c'est une situation pour le moins bizarre qui se présente à nous, surtout que ce gouvernement est censé proposer un plan à même de faire face à la baisse drastique des revenus du pays, en mettant en place les mécanismes pour l'avènement d'une économie alternative dont le tourisme en constitue un levier de choix. À l'issue de la cérémonie de passation de pouvoir avec son prédécesseur, Abdelmadjid Tebboune avait, d'ailleurs, insisté sur le fait que sa priorité était "la reconversion économique nécessaire et urgente pour que l'Algérie ne dépende plus des fluctuations des prix des hydrocarbures". Mais, comment faire face à la crise et lancer une batterie de réformes, principalement économiques et sociales, lorsqu'un membre de l'équipe gouvernementale manque à l'appel et que les pouvoirs publics traînent à désigner un successeur au ministre révoqué. La question reste en effet posée quant aux motivations de ce tâtonnement. N'a-t-on pas encore trouvé le profil idoine ? Que réserve-t-on à ce département appelé à jouer un rôle crucial dans la mise en place d'une économie alternative ? Serait-ce si difficile de dénicher une compétence pour diriger ce département ministériel ? Pourtant, ce n'est pas ce qui manque le plus dans notre pays, à condition que la volonté politique, nécessaire à toute réforme, existe chez les tenants du pouvoir. Les anciens détenteurs du portefeuille du Tourisme n'étaient pas tous des génies. Loin s'en faut. On n'a d'ailleurs qu'à voir la situation du secteur pour se rendre compte que jusque-là, on a plus fait dans la gestion des affaires courantes que dans la réforme du secteur pour en faire un véritable levier de croissance dans un pays qui en a tellement besoin et qui regorgent de potentialités. C'est pour toutes ces raisons que le retard pris dans la nomination d'un ministre à la tête de ce département constitue une énigme, tout comme il renvoie l'image d'un Exécutif incapable de pourvoir un poste ministériel. Il reste une douzaine de jours aux pouvoirs publics pour combler cette carence. Et si cela n'est pas fait avant ce délai, le Premier ministre va se présenter à l'APN avec un gouvernement amoindri, ce qui ne manquera pas d'être relevé par les députés de l'opposition et à raison, auquel cas. Car il reste anormal, voire scandaleux, qu'un gouvernement continue sa mission tout en étant amputé d'un de ses membres, deux semaines après sa constitution. Hamid Saïdani