Confronté depuis presque deux ans à la crise des réfugiés et des migrants, le Vieux Continent n'a toujours pas trouvé de solution consensuelle au sein des 27 à Bruxelles. Bruxelles a décidé de sévir et de passer aux sanctions contre Varsovie, Budapest et Prague pour leur refus d'accueillir des réfugiés et de leur accorder l'asile, comme cela avait été décidé par la Commission européenne il y a quelques mois. Face à l'ampleur de cette crise, la plus grave depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Union européenne n'a pas su assumer la dimension politique du problème et a préféré apporter des solutions techniques que certains de ses membres ont rejeté dans le fond et dans la force, notamment chez les pays à sa frontière est, où le flux de réfugiés était important durant l'hiver et le printemps 2016. Ainsi, Bruxelles a décidé d'user des sanctions à l'égard de trois pays (la République Tchèque, la Pologne et la Hongrie) qui ont refusé catégoriquement d'accueillir les demandeurs d'asile en provenance des camps installés en Italie et en Grèce, obligeant ainsi la mairie de Rome à demander au gouvernement "un moratoire sur l'arrivée de nouveaux migrants" dans la capitale italienne. En effet, l'importance du flux de réfugiés et de migrants en provenance d'Afrique et d'Asie du Sud et du Proche-Orient pose un sérieux problème de prise en charge de dizaines de milliers de personnes en détresse et que les deux pays d'Europe du sud (Italie et Grèce) n'arrivent plus à gérer. La maire de Rome Virginia Raggi a expliqué que la capitale "est soumise à une forte pression migratoire, on ne peut pas continuer ainsi." "L'accueil est l'une des nombreuses urgences dont nous avons hérité, une urgence aggravée par l'inertie de ceux qui au fil des années auraient dû s'occuper de l'assistance aux migrants", ajoute la jeune maire de Rome, 38 ans, élue au Capitole il y a un an. "Je trouve impossible, voire risqué, de permettre la création de nouvelles structures d'accueil", conclut-elle. La persistance de la guerre en Syrie et l'instabilité politique en Libye ont aggravé une situation déjà délicate. Le refus de l'Europe d'appréhender ce phénomène du point de vue politique n'a fait qu'empirer les choses. Le soutien apporté par certains membres de l'Union européenne à de nombreuses dictatures en Afrique, ainsi que leur position face aux conflits politico-armés au Proche-Orient, particulièrement en Syrie, ont poussé des dizaines de milliers de personnes à fuir, au péril de leur vie, vers une Europe qui commence à se renfermer sur elle-même, faute de courage politique. Mais au moment même où l'UE se brouille sur cette question, des dizaines de personnes périssent en Méditerranée alors que d'autres meurent de soif dans le désert sahélo-saharien, souvent abandonnées par des passeurs sans aucun état d'âme. La mise en place de plans de secours et de lutte contre ces passeurs n'a pas découragé ni les candidats à la traversée de la Méditerranée ni les trafiquants aux pratiques esclavagistes. Lyès Menacer