Résumé : Une femme de ménage remet des clefs à Youcef et lui indique le chemin à suivre pour s'enfuir de l'asile psychiatrique. Enfin libre, il se rendra en ville. N'ayant encore aucun but, il s'installera sur un banc public. Linda l'avait écouté jusqu'au bout. Il se lève et s'approche d'elle : - Si... vous en avez fait, et même beaucoup. Vous m'avez donné à manger alors que je crevais de faim. Vous m'avez donné des vêtements alors que je portais encore cette hideuse camisole qui me donnait cette apparence de fou et faisait fuir les gens, et enfin vous me prenez en charge en me proposant un boulot. - Drôle de boulot pour un type aussi instruit que toi Youcef. (Elle se met à rire ). En fait, je donne du boulot à un patron. Quel paradoxe ! Tu devrais tout de même faire quelque chose, Youcef. Tu ne peux pas continuer ainsi à errer dans les rues, et abandonner tous tes biens à ce cousin ! - J'y ai pensé mais je suppose que je suis recherché. Je ne peux me hasarder à quitter cette ville où personne ne me connaît, et me montrer devant mes bureaux où on aura vite fait de me repérer. - Pourquoi veux-tu donc retourner dans tes bureaux ? Je pense qu'il faudrait tout d'abord trouver un bon avocat. Il soupire : - C'était mon intention mais je n'ai pas un sou sur moi et puis dans ma situation, la partie ne sera pas facile. Linda réfléchit : - Je ne sais pas si je peux faire quelque chose pour toi. Youcef lance d'une voix où vibrait son émotion : - Je voudrais d'abord récupérer mes dossiers. J'ai fait installer un coffre dans mon bureau dont je suis le seul à connaître l'endroit et la combinaison, et qui contient toutes les preuves nécessaires à ma réhabilitation. Si je réussis à mettre la main sur ces documents, le reste deviendra un jeu d'enfant pour les hommes de loi. - Et tes médecins aussi pourront témoigner. - Mes médecins ? Lesquels ? Ceux que le cousin a chargé de me détruire ? - Je pense plutôt aux médecins qui t'ont traité lors du décès de tes parents. Eux seuls peuvent attester de ton état de santé mentale, sans équivoque. - Vous avez raison mais le plus grand problème pour moi demeure la récupération de mes dossiers, et le reste suivra. La nuit était tombée depuis longtemps, et Linda étire ses membres avant de se redresser : - Je crois qu'il est temps pour nous deux d'aller nous reposer un peu. Demain, nous verrons ensemble ce qu'il y a lieu de faire. - Demain vous irez voir votre médecin pour un contrôle. - Ah oui ! C'est vrai. J'ai totalement oublié ce rendez-vous. - Moi pas, et je vais vous accompagner. Tout comme la veille, Youcef passe la nuit sur le divan du hall. Au petit matin, il sera réveillé par un bruit de clefs qu'on introduisait dans la serrure de la grande porte d'entrée. (À suivre) Y. H.