Les députés ont commencé hier à intervenir en plénière pour s'exprimer sur le plan d'action du gouvernement présenté à l'Assemblée par le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune.. Lors de cette première journée de débats, marquée par l'absence de certains députés parmi les plus en vue, l'on n'aura pas enregistré beaucoup d'interventions remarquables. L'on notera, toutefois, celles de Ramdane Taâzibt, du Parti des travailleurs (PT), ou encore celle de Ouamar Saoudi, du RCD. Dans son intervention, le député PT a déploré l'autisme de l'Exécutif "devant le cri de détresse de la population qui réclame l'arrêt des politiques destructrices". L'élu du PT note trois points positifs dans le plan d'action du gouvernement : le non-recours à l'endettement extérieur, la préservation des acquis sociaux et la moralisation de la vie publique. "C'est la première fois qu'un haut responsable aborde cette question de la séparation entre la politique et l'argent", a-t-il relevé. "Mais, nous restons en attente des mesures concrètes dans ce sens", a-t-il encore indiqué. Pour ce qui est de l'annonce du lancement d'une large concertation en vue de l'adaptation progressive de la politique des transferts sociaux, le député du RCD, Ouamar Saoudi, estime que cette démarche "est vouée à l'échec parce qu'elle sera menée par une majorité élue par la fraude". Pour en finir avec les approximations, l'Exécutif compte procéder à la réforme du plan national des statistiques durant le deuxième semestre de l'année en cours. Le RCD propose la création d'un institut national des statistiques sous la tutelle des syndicats autonomes. "Les données de l'ONS ne sont pas fiables parce que cet Office est sous l'égide de l'Etat", a asséné encore Ouamar Saoudi. Il regrette, par ailleurs, cette insistance dans le préambule du document gouvernemental sur la religion et l'identité nationale, alors que, dit-il, "la crise de Ghardaïa et les mouvements de protestation dans le Sud en général ne résultent pas d'une crise identitaire mais d'un problème d'intégration et d'équilibre entre les régions". Le plan d'action du gouvernement Tebboune, présenté mardi soir à l'Assemblée, mise notamment sur une transformation de l'économie par la diversification. Les objectifs fixés tablent sur 6,5% de croissance par an hors hydrocarbures. Le PIB par habitant devrait, lui, être multiplié par 2, ce qui placerait l'Algérie dans le tableau des pays à revenu élevé. Ce pari ambitieux est-il réalisable ? "Le gouvernement est en train de réunir les conditions de relance de l'économie. S'il arrive à amortir le choc de cette crise qui remonte déjà au deuxième semestre 2014, il n'y a pas de raison pour que l'on n'arrive pas à un taux aussi élevé de croissance. Il faut y aller progressivement pour atteindre cet objectif à long terme. On est déjà entre 2 et 2,5% de croissance ces dernières années. On peut accélérer cette cadence progressivement", nous a déclaré, hier, l'ex-ministre des Finances et néanmoins député du FLN, Mohamed Djellab, en marge de la plénière consacrée aux interventions des parlementaires. Au chapitre du budget de l'Etat, l'une des réformes envisagées consiste en "une amélioration des recettes de la fiscalité ordinaire de sorte qu'elle puisse couvrir l'essentiel des dépenses de fonctionnement", indique le document. Pour ce faire, cette fiscalité hors hydrocarbures devra augmenter chaque année de 11%, pour finir par couvrir 84% de ces dépenses de fonctionnement en 2019, contre un taux de couverture de 47% en 2014. Certains députés ont exprimé des appréhensions sur cette hausse de la fiscalité ordinaire qui va, selon eux, fatalement peser sur le contribuable. Ce n'est pas l'avis de cet ex-ministre des Finances pour qui cette mesure s'inscrit davantage dans une démarche de recouvrement plus large qui doit concerner le secteur de l'informel. "Il faut intégrer toutes les activités hors de la sphère fiscale dans cette augmentation. Donc, ce n'est pas une pression supplémentaire, il s'agit plutôt de ramener plus les gens à payer les impôts. Bien entendu, l'amélioration des recettes fiscales passe par la modernisation de ce secteur. Il y a, dans ce sens, des projets lancés au niveau du ministère des Finances. Il faut aussi une meilleure connaissance des assujettis fiscaux et leur accorder des facilitations dans le domaine. Toutes ces actions vont se solder par une efficience fiscale." Le P-DG du groupe Sim et député du RND, Abdelkader Ezzraimi, pense aussi qu'un objectif de croissance de 6,5% par an, hors hydrocarbures, à l'horizon 2020 est tout à fait réalisable, à condition d'entamer l'effort immédiatement. "Il faut, en outre, mettre les bouchées doubles à travers l'encouragement de l'investissement et des lois incitatives en faveur des PMI et PME. Il faut revenir vers des politiques de zones à promouvoir avec des facilités pour la petite entreprise pour qu'elle puisse émerger et, enfin, il faut encourager les industrie florissantes sans mettre en veilleuse les autres. Bien entendu, cet encouragement passe par la réduction de la fiscalité", dit-il. Nissa H.