Le Premier ministère a ordonné, il y a quinze jours, un audit des représentants de toutes les marques automobiles afin de s'enquérir de l'état des lieux et d'établir un rapport détaillé sur les avancées et/ou les retards constatés par ces opérateurs. Cette mission, révèle notre source, a été confiée à la commission interministérielle, composée des départements du Commerce, de l'Industrie et des Mines et des Finances. Avisés à l'avance par ce groupe de travail, les concessionnaires automobiles ont présenté un état des lieux général. Un état des lieux qui s'avère catastrophique au vu du désinvestissement constaté chez une vingtaine de marques automobiles et dont les projets d'usine de montage n'ont pas été validés par le ministère de l'Industrie et des Mines. Parmi les représentants pénalisés figurent une quinzaine de marques asiatiques qui avaient pourtant présenté des projets dans les temps impartis par la disposition de la loi de finances complémentaire (LFC) de 2014 et qui avait fixé le délai à trois ans aux concessionnaires, à défaut ils se verront retirer leur agrément. Devant la lenteur du traitement des dossiers, une démarche qualifiée par certains milieux d'affaires de "délit d'initié", le gouvernement a notifié en octobre 2016 à tous les opérateurs pour s'investir dans la pièce de rechange et le service après-vente afin de maintenir les emplois et de prétendre au renouvellement de l'agrément et, par ricochet, prétendre à l'octroi d'une licence et d'un quota d'importation. Pour brider les importations et mettre fin aux pratiques malsaines de la surfacturation et des fausses déclarations, notamment ceux qui importent en dollars et déclarent avoir importé en euros, le gouvernement, par le biais de l'Abef (Association des banques et des établissements financiers), a notifié aux banques de surseoir à l'octroi des lettres de crédit (LC) sous le couvert de la réduction de la facture d'importation en devises. En ce sens, ce comité devra établir un rapport qui sera transmis directement au Premier ministère qui tranchera la question. Autrement dit, le département d'Abdelmadjid Tebboune prendra en main le dossier afin de revoir toute la stratégie tracée par l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, mais aussi l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui, avant leur départ du gouvernement, avaient signé, dans la précipitation, près de vingt projets de montage automobile pour certaines marques, non sans rejeter des projets qui tiennent la route, notamment ceux liés à la sous-traitance et à la pièce de rechange. Ainsi, le retard accusé pour l'octroi des licences d'importation pour l'exercice de l'année 2017 s'ajoute à celui enregistré en 2016. L'octroi des licences interviendra durant le mois de juillet prochain. Le comité de travail devra rendre, dès la semaine prochaine, les résultats de cet audit. Signalons, enfin, qu'une fois que le gouvernement libérera les licences, les importations seront plafonnées à 27 000 unités, contre 55 000 unités prévues initialement dans le contingent arrêté en janvier dernier. FARID BELGACEM