Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, aura le temps de concrétiser sa feuille de route, avec la grâce du Parti des travailleurs. Hier, dans un discours prononcé à l'occasion du 27e anniversaire de son parti, Louisa Hanoune a estimé que "le Premier ministre a développé un nouveau discours et a pris des engagements formels, comme il a cassé certains tabous, dont certains se veulent une réponse aux revendications de notre parti, comme la loi sur la levée du gel sur l'emploi, le non-recours à l'endettement extérieur, la liberté de la presse et la gestion rationnelle des finances publiques". Pour Mme Hanoune, "le PT ne doute pas que le Premier ministre a cassé certaines lignes, comme la séparation de l'affairisme du politique. Sincèrement, on a enregistré avec satisfaction plusieurs engagements, mais on reste à l'écoute des évolutions et on attend des actes concrets sur le terrain. Entre autres, on attend la confection de la loi de finances 2018 qui, au préalable, devra lever les lourdes contraintes liées à la politique de l'austérité dictées par la loi de finances 2015 et confirmées par la LF 2016". La secrétaire générale du PT a, par ailleurs, interpellé le Premier ministre "pour s'intéresser au cas des hommes d'affaires qui ne payent pas leurs impôts et qui versent dans l'évasion et la fraude fiscales. De simples salariés payent leurs impôts alors que l'Etat n'arrive pas encore à recouvrer des sommes colossales du côté des grandes entreprises lancées avec des prêts bancaires, eux aussi versés par les mêmes hommes d'affaires pour bâtir illégalement des richesses. Au lieu de pénaliser le peuple à travers des mesures draconiennes, le gouvernement doit orienter son action vers cet argent qui n'est contrôlé ni par les circuits financiers et encore moins par les élus et le gouvernement". Pour Mme Hanoune, "il s'agit d'un pari réel que de mener une bataille sans merci contre ces dévastateurs. L'argent sale et la corruption ont pollué la vie politique du pays. C'est une grave dérive. On assiste à une montée en puissance de l'oligarchie. La crise actuelle n'est que le résultat de la dislocation de l'Etat et de la généralisation de la rapine. En face, le front social bouillonne et il ne se passe pas un jour sans qu'on assiste à des actions de contestation." La SG du PT a estimé que "ceux qui n'ont pas restitué l'argent des prêts bancaires, distribués à tort et à travers, doivent rendre des comptes. Il s'agit, avant tout de protéger l'économie nationale". Evoquant la composante de la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN), elle dira que "le Parlement est composé de 30% d'hommes d'affaires. Le PT n'est pas contre ceux qui créent des richesses et des emplois et ceux qui payent leurs impôts. Le PT est contre les brebis galeuses qui veulent le maintien de l'ordre établi". À l'occasion, Louisa Hanoune a appelé le gouvernement à retirer la loi relative au code du travail, comme elle a appelé à l'abrogation de tous les articles et les aléas dont abusent les employeurs pour exploiter les enfants en bas âge dans plusieurs secteurs, la loi sanitaire qui, selon elle, "est pire que l'indigénat. Si cette loi est maintenue, on ira droit vers la suppression de la gratuité des soins." Mme Hanoune conclura en lançant un appel au Premier ministre pour généraliser l'enseignement de la langue amazighe à travers les 48 wilayas et l'obligation de son usage dans toutes les institutions de la République. FARID BELGACEM