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Des associations dénoncent le massacre du patrimoine historique et culturel de Béjaïa Projet de réalisation d'une salle polyvalente annexe à l'hôtel "les Oliviers"
Un collectif d'associations de la ville se mobilise depuis quelques jours déjà pour dénoncer le projet. Les travaux d'extension engagés par l'entreprise mixte algéro-saoudienne, Eurl Shifabe, ayant racheté l'hôtel des Oliviers de Béjaïa, en vue de construire une salle polyvalente sur le terrain jouxtant cette infrastructure hôtelière, n'ont pas manqué de susciter une véritable levée de boucliers. En effet, un collectif d'associations de la ville de Béjaïa se mobilise depuis quelques jours déjà pour dénoncer un tel projet qui constitue, à ses yeux, une atteinte grave aux patrimoines historique et culturel de l'ancienne capitale des Hammadites. Lors d'une conférence de presse animée, samedi, au siège de son organisation, le président de l'Association pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel de la ville de Béjaïa, Zahir Bennacer, s'est d'abord félicité de la mobilisation citoyenne qui caractérise ce mouvement de dénonciation. Pour lui, le sit-in observé le 18 juin dernier, sur le site du projet, sis au lieudit Les Oliviers, surplombant la baie de l'ex-Saldae, et la déclaration ayant suivi cette action ont déjà porté leurs fruits. L'arrêt immédiat des travaux, l'envoi d'une commission venue d'Alger pour la détermination des potentialités archéologiques du site et l'ouverture d'une enquête auprès du procureur de la République de Béjaïa sur une éventuelle violation de la loi n°98-04 relative à la protection du patrimoine... sont autant d'acquis cités par M. Bennacer et mentionnés, en outre, dans la dernière déclaration rendue publique par un groupe d'associations, à l'issue de cette rencontre avec la presse. Selon les membres de ce collectif d'associations contestataires, l'entreprise chargée de la reprise du chantier de l'hôtel Les Oliviers (4 étoiles) avait reçu, en date du 16 novembre 2016, un permis de construire pour la réalisation d'une salle polyvalente en R+3 avec deux sous-sols. Néanmoins, ce permis de construire a été établi sans l'avis de la direction de la culture, ni celui du bureau d'études chargé de l'élaboration du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé de la ville de Béjaïa. Ce qu'on peut considérer comme une infraction à la loi, estime-t-on, puisque la salle polyvalente objet de la polémique est située à l'intérieur même du secteur sauvegardé. Pis encore, l'Eurl Shifabe a osé engager des travaux de terrassement de grande envergure, détruisant ainsi des vestiges incommensurables, enfouis au sous-sol, lesquels n'ont jamais été déclarés à qui de droit. Une autre transgression de la loi 98-04, notamment son article 94 qui stipule que la non-déclaration des découvertes fortuites est un délit que la loi punit, souligne-t-on. Par ailleurs, les associations protestataires dénoncent également ce qu'elles qualifient de "massacre écologique commis à l'égard du patrimoine forestier et naturel de la ville millénaire". Il s'agit de l'opération d'abattage d'arbres centenaires, exécutée par la même entreprise réalisatrice, avec la bénédiction d'une association culturelle et éco-touristique dénommée Les Aiguades. La caution de cette dernière consistait en l'établissement d'une attestation, dont nous détenons une copie, à travers laquelle ses responsables déclarent "ne pas s'opposer à l'abattage des arbres situés à l'intérieur du site du projet de l'hôtel Les Oliviers". Un document non officiel, qui n'a aucune valeur juridique, affirme-t-on, mais qui a servi de "quitus" à l'entreprise promotrice pour raser toute une haie végétale qui fit partie des poumons de la ville de Yemma Gouraya. Ceci dit, les organisations contestataires dénoncent vigoureusement "cette association qui doit être rappelée sévèrement à l'ordre afin d'arrêter tout marchandage des causes nobles liées à l'environnement et au patrimoine". Enfin, elles tiennent à préciser que leurs actions "ne visent pas l'arrêt des travaux au niveau de l'infrastructure hôtelière qui reste un investissement important pour la ville", mais elles s'opposent "farouchement" à ce projet d'extension portant réalisation d'une salle polyvalente sur un terrain qui devait être initialement aménagé en parking pour les besoins de ce palace. K. O.