Un rassemblement national est prévu, mercredi prochain, à la Centrale syndicale (UGTA). Une menace de grève n'est pas à écarter. Rien ne va plus dans le secteur de la Poste et des Télécoms qui risque de connaître une paralysie générale si un terrain d'entente n'est pas trouvé avec la tutelle d'ici peu. C'est du moins ce que laissent entendre les responsables des syndicats des trois entités qui ont annoncé la tenue d'un rassemblement national, prévu pour mercredi prochain, à la Centrale syndicale (UGTA). Il est d'ailleurs rare de voir pratiquement tous les syndicats du secteur se mettre, en même temps, sous l'emblème de la protesta et menacer d'aller jusqu'au bout de leur logique, briguant, ainsi, la menace de la grève qui aurait été évitée, hier, de justesse. Selon une source syndicale, la rencontre dite "de réconciliation" qui devait avoir lieu hier entre la tutelle et les partenaires sociaux à la Centrale syndicale "a capoté pour la simple raison que la ministre a fait faux bond, à la dernière minute, demandant à ce que la rencontre se tienne ultérieurement". Or, ces derniers temps, les événements se sont précipités et le conflit s'est enlisé, notamment à Algérie Télécom, affecté par une instabilité et un malaise profond depuis un bon moment et qui n'ont fait que s'accentuer depuis que Houda Iman Faraoun a pris les rênes du secteur en tant que ministre depuis 2015. "Il faut reconnaître que rien n'a été accompli dans le secteur sinon des limogeages et des nominations incessantes (2 fois pour Mobilis, 4 fois pour Algérie Télécoms, Algérie Poste, ATS, l'ANPT, etc.) sans que cela obéisse à aucune logique — aucun bilan comptable n'étant établi — et l'élaboration d'un texte de loi sur les télécoms loin de la réalité du secteur, ainsi que la création d'une filiale en Espagne qui n'a aucune raison d'être et des conflits incessants avec certains cadres qui ne comprennent rien à cette ingérence poussée à outrance", se plaignent nos sources syndicales qui décrivent "un secteur en perte de vitesse" et surtout "incapable de générer des revenus conséquents pour l'Etat comme il devrait le faire". L'Algérie en tant que pays à grandes potentialités continue, en effet, à creuser l'écart qui la sépare du vœu pieux de "construire une société fondée sur le savoir et la connaissance" en se classant pratiquement en bas du tableau de toutes les statistiques des organismes internationaux attestant d'un échec cuisant de la politique en la matière. Enjeu de la discorde : l'argent des œuvres sociales et la loi sur les télécoms "La tutelle a élaboré un nouveau texte de loi sur les télécoms sans nous associer. Il a fallu entamer un bras de fer pour que la ministre revienne à de meilleurs sentiments, ce qui est en soi inadmissible", nous a expliqué, hier, M. Tchoulak, en sa qualité de SG de la Fédération des travailleurs de la poste et des TIC, qui reste convaincu que "ce même texte reste inadéquat et en deçà des attentes". M. Tchoulak, à qui on reproche, par ailleurs, d'être toujours à la tête de la Fédération après être parti à la retraite depuis quelques mois, se défend : "Il n'existe aucun article dans les statuts de l'UGTA qui m'interdit d'être à la tête de la Fédération. Seule la base est à même de me maintenir ou me destituer." Il nous a indiqué, par la même occasion, que "le congrès de la Fédération se tiendra le week-end prochain pour aborder de nombreuses questions". Un autre point de discorde émane des syndicalistes qui versent dans un conflit syndico-syndical comme cela a été le cas pour la Poste et actuellement pour Algérie Télécom qui mettent en avant le dossier des œuvres sociales. Ils réclament, pour certains, "des éclaircissements sur 280 milliards de centimes qui seraient gérés par la Fédération ainsi que les biens du secteur gérés par la mutuelle". Sur ce chapitre, M. Tchoulak explique : "Il s'agit en fait de 132 milliards de centimes d'Algérie Télécom et 142 autres d'Algérie Poste en guise de subventions des œuvres sociales de 2003 à 2015 qui ont été confiés à la mutuelle du temps de feu Maghlaoui en l'absence de CP. Pour la poste, cela ne pose pas de problème, mais pour Algérie Télécom, on enregistre une agitation à cause du retrait de confiance de l'ancien syndicat et l'élection d'un nouveau représentant que la tutelle, par le biais de la direction, ne reconnaît pas, créant ainsi une situation de blocage alors qu'elle est tenue de ne pas s'ingérer dans les affaires syndicales." En somme, encore des problèmes qui n'apportent rien à ce secteur et des responsables qui ne font que dans le bricolage sans prendre de décisions radicales à même de faire avancer les choses. La dernière trouvaille a été d'"arabiser totalement la poste"... Nabila SaIdoun