Résumé : Slimane est gravement malade, et ses jours sont comptés. Yamina, son épouse, ne veut pas qu'il la quitte. À cette seule idée, elle est anéantie. Elle lève les yeux au ciel. -Tes derniers souhaits ! Tu ne vas pas donc arrêter de me faire peur avec de telles phrases ! Il secoue la tête sur son oreiller. -Je te prépare justement à la fatalité afin d'atténuer ta douleur. Il se soulève un peu et se penche vers elle. -Yamina, je te demande d'être très courageuse. Peux-tu me le promettre ? La femme se remet à sangloter. -Quel est le courage que je pourrais puiser dans la perte d'un être cher ? Il se remet à lui caresser la joue. -Imagine que je suis parti pour un long voyage. Une longue absence que tu supporteras dans l'attente de mon retour. -Mais ce n'est pas le cas ! Et même si j'imagine cette éventualité, cette fois-ci tu ne reviendras pas. -Non. Mais c'est plutôt toi qui me rejoindras un jour. Elle renifle et s'essuie les yeux. -Je ne sais pas si je pourrais survivre à ton absence, Slimane. J'aurais voulu partir la première. -On ne choisit pas son destin, ma chérie. Et puis, rappelle-toi, j'ai plus que le double de ton âge moi. Tu es encore jeune et tu peux refaire ta vie. Elle fronce les sourcils. -Que veux-tu dire par là ? -Que tu pourras forcément rencontrer quelqu'un de bien et te remarier. Je serais alors plus rassuré sur ton compte. Elle reste interdite un instant, avant de lancer : -Tu divagues, mon cher mari. Je ne savais pas que tu étais aussi indifférent à mon égard. Il secoue encore la tête. -Indifférent ?! Tu ne sais donc pas que je ne veux que ton bonheur ? -Tu veux que je refasse ma vie avec un autre homme et tu parles de mon bonheur ! Je ne te comprends plus, Slimane. Tu es le seul homme qui a compté pour moi. -Peut-être. Mais quand je ne serai plus là, tu ne vas pas vivre comme une nonne. Je ne te le souhaiterais pas de toute façon. -Si tu m'aimais, tu n'aurais jamais eu de telles pensées envers moi. -Je t'ai toujours aimée, ma chérie. Toujours. Et je t'aimerais même après ma mort. Mais te sachant seule et malheureuse, je ne trouverai jamais le repos éternel. Elle renifle encore et se mouche. -Voyons. Nous n'en sommes pas encore là. Tu as encore une chance de t'en sortir. Ce matin, alors qu'on refaisait tes examens à l'hôpital, un spécialiste m'a certifié que des miracles sont parfois possibles. Il y a eu déjà des cas similaires au tien, pour ne pas dire pires, que la médecine avait condamnés, mais qui ont fini par se stabiliser et ensuite se rétablir. (À suivre) Y. H.