Les souscripteurs à la formule de logements publics promotionnels (LPP) de Bouira interpellent le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, afin d'intercéder en leur faveur en facilitant l'accès à cette formule. Ainsi, dans une requête dont Liberté détient une copie, ces souscripteurs se considèrent "lésés et escroqués" du fait des tarifs élevés de cette formule. "Les prix des logements LPP sont quatre fois plus élevés que ceux de l'AADL pour pratiquement le même type d'appartement", indiquent en préambule les requérants. Ces souscripteurs attirent également l'attention du Premier ministre sur le fait que leurs logements ne sont pas au standing escompté et qu'ils ne valent pas le montant exigé. "Le ministère assure que ce sont des logements haut de gamme, alors que ce ne sont que des logements dotés de cuisine équipée d'une valeur qui ne dépasse pas 40 ou 50 millions", écrivent-ils. Un peu plus loin, ces souscripteurs en colère interpellent Abdelmadjid Tebboune sur le prix "exorbitant" du mètre carré pour cette formule. En effet, selon eux, le prix du mètre carré ne cesse d'augmenter depuis 2014 : "Au départ, le prix ne dépassait pas 45 000 DA, et aujourd'hui il a atteint 105 000 DA. Une hausse de plus de 100%." Dans le même sillage, ces citoyens qui ne se considèrent nullement roulant sur l'or soulignent que "la formule de paiement sans les 3% d'intérêts et d'étaler la durée de remboursement sur 25, voire 30 ans" faciliterait énormément selon eux l'acquittement des échéances de paiement, tout en estimant "urgent de mettre en place un dispositif d'orientation pour les 6000 souscripteurs qui ont perdu tout espoir". Par ailleurs, ces requérants font savoir au Premier ministre que l'ENPI (Entreprise nationale de promotion immobilière) "maintient le flou autour de plusieurs points liés à nos logements". Et d'expliquer que "l'acquisition des logements LPP est une opération commerciale entre le promoteur public ENPI, sous tutelle du ministère de l'Habitat, et les souscripteurs-acquéreurs. Or, dans les faits, on se considère comme étant écartés et floués par cette entreprise", s'indignent-ils. Selon les requérants, le décret exécutif n°14-203 du 15 juillet 2014 a conféré un caractère public à cette formule et a permis de réduire les coûts liés à l'acquisition des logements. Néanmoins, les souscripteurs demandent à "réviser à la baisse le prix au m2 de 80 000 DA et le rendre flexible (...) Le prix de 80 000/m2 est le même sur tout le territoire national, bien que la valeur immobilière dans une ville comme Alger ne soit certainement pas la même que dans les régions des Hauts-Plateaux ou du Sud à titre d'exemple", argumentent-ils encore. Dans leur missive, ces souscripteurs font savoir que leur situation est "délicate" du fait selon eux des dettes contractées afin de financer leurs logements. "L'obligation de contracter des dettes auprès des banques peut provoquer un endettement inconsidéré des ménages et mener à leur précarité financière. Ceci peut induire des cessations de paiement avec les conséquences qu'on connaît à travers des expériences dans d'autres pays", mentionnent-ils, tout en proposant "un échelonnement au moyen de prélèvement mensuel ou toute autre forme de remboursement direct entre le souscripteur-acquéreur et le promoteur public ENPI sans intermédiation bancaire". Enfin, il y a lieu de préciser qu'à Bouira, cette formule n'a pas connu un grand engouement, du fait de son prix d'accès, lequel dépasse allègrement les 10 millions de dinars. Ainsi, sur un total de 1000 unités programmées, seulement 556 sont actuellement en travaux. RAMDANE BOURAHLA