Le syndicat des enseignants du supérieur propose, dans un document qui sera remis aux autorités, une fourchette de traitements comprise entre 34 000 et 133 000 DA. La valorisation, notamment matérielle, du métier d'enseignant-chercheur est seule à même de rendre à l'université son attractivité et son rayonnement. Parmi les objectifs du projet de statut en débat est l'actualisation des salaires qui doivent au moins retrouver leur pouvoir d'il y a 37 ans. Le Conseil national du Cnes tient depuis hier, à Constantine, une session de deux jours consacrée à la finalisation du projet du statut de l'enseignant du supérieur. La démarche du Cnes semble bénéficier, cette fois-ci, de l'adhésion, du moins en ce qui concerne le principe, du principal interlocuteur de l'enseignant du supérieur à savoir le ministère de tutelle. Le ministre de l'Enseignement supérieur, M. Harraoubia, a dépêché sur place 3 de ses principaux collaborateurs à savoir le secrétaire général du ministère, un directeur central et un conseiller. D'autres syndicats, à l'image de l'Association nationale des professeurs et maîtres de conférences ont délégué des représentants au conclave constantinois au cours duquel ils prennent part activement. Toutefois, des syndicalistes du Cnes à l'image de M. Khouas, rappellent que déjà en 1996 après la célèbre grève pilotée par le Cnes, l'actuel Chef du gouvernement s'est engagé, et par écrit, sur la question du statut sans jamais voir le gouvernement tenir ses promesses. Ainsi, conjoncture socioéconomique oblige, bien que la rémunération ne soit qu'un élément de la plate-forme des revendications que porte le projet de statut, le salaire et la valeur sociale restant le principal enjeu du texte. Le projet de texte élaboré par les experts du Cnes essaie de rattraper la “régression” dans les salaires du secteur. Une grille de salaire allant de 34 000 pour l'assistant débutant novice à 133 000 dinars pour le professeur. Dans la classification de la Fonction publique de 1968, le poste de base de l'enseignement supérieur, à savoir le maître-assistant, était classé à l'échelle 14, soit au sommet de la grille des salaires. Au même moment, les enseignants de rang magistral étaient classés hors échelle. Toujours selon les mêmes experts, les 2 193 dinars (échelle 14) que touchait en 1968 l'enseignant correspondent aujourd'hui à 65 809 dinars. En d'autres termes, le pouvoir d'achat de l'enseignant du supérieur a chuté presque du tiers en 37 ans. Si ces chiffres se vérifient, cela risque de prouver que l'Algérien de l'avant-boom pétrolier était plus prospère que celui des 40 milliards de dollars de réserve. Pour revenir aux enseignants du supérieur, leur dévalorisation sociale, selon le Cnes, est la première cause de la fuite de l'élite de l'université algérienne en particulier et du pays en général. D'ailleurs, hier, les syndicalistes de l'enseignement supérieur étaient unanimes à affirmer que les meilleurs étudiants quittent l'université et ne postulent plus aux postes d'enseignant dans le supérieur. Les postgradués des dernières années sont des ex-étudiants aux résultats moyens, pas plus. Pour plusieurs intervenants, cela a été prémédité, car, comment expliquer le fait qu'un étudiant en graduation envoyé à l'étranger touche un pécule plusieurs fois supérieur au salaire d'un maître de conférences qui a décidé de rester au pays et enseigner dans ses universités ? M. K.