L'invitation adressée par le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune au patronat et à l'UGTA pour participer à la réunion de préparation de la tripartite n'a pas été du goût des syndicats autonomes qui n'arrivent pas à digérer cette nouvelle exclusion pratiquée à leur endroit par les autorités. Cette rencontre de travail qui se tient aujourd'hui au Palais du gouvernement revêt, selon des représentants de syndicats autonomes contactés par Liberté, "un caractère d'exclusion". Joint hier par téléphone, Sadek Dziri, président de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef), n'a pas fait dans la dentelle pour dénoncer "cet appel au dialogue d'exclusion" du Premier ministre, écartant les syndicats autonomes de la rencontre. Pour l'Unpef, cette initiative du Premier ministre "obéit uniquement à l'urgence d'apaiser la situation qui a pris les tournures d'un conflit déclaré" contre le patron de la Centrale syndicale et le chef des patrons d'entreprises, Ali Haddad. Plus loin, notre interlocuteur relèvera sans ambages le caractère contradictoire du discours développé jusque-là par le Premier ministre, si l'on tient compte, dit-il, de ses déclarations faites à l'occasion de sa première visite de travail dans la capitale où il prônait "un dialogue social tous azimuts et ouvert à tous les acteurs de la société civile et du monde de travail". Visiblement très remonté contre M. Tebboune, le président de l'Unpef dénonce, d'emblée, la démarche du premier responsable de l'Exécutif. M. Dziri considère que le Premier ministre a la possibilité de corriger ce qui est qualifié de faute à l'égard des représentations syndicales libres. Cela passe, d'après lui, par l'organisation d'une bipartite entre le gouvernement et les syndicats autonomes. "S'il souhaite corriger son impair et a réellement l'intention de construire un large consensus national, il pourra organiser une bipartite entre le gouvernement et les syndicats autonomes structurés autour de l'intersyndicale, dans les prochains jours. Cette rencontre va contribuer à résoudre les questions socioprofessionnelles et, du coup, à apporter des solutions aux problèmes du monde de travail", recommande M. Dziri. Pour sa part, le Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (Cela), par la voix de son secrétaire général, Idir Achour, ne lésine pas sur les mots pour qualifier la rencontre d'aujourd'hui d'unipartite. "Nous qualifions la rencontre de ce dimanche d'unipartite. Les travailleurs ne sont pas réellement représentés", déplore-t-il, tout en affirmant que le Cela "ne croit pas à ce genre de rencontre". "Le Cela croit à la logique de négociations qui se construit sur la base des rapports de force. Il ne faut rien attendre du gouvernement lors de ce genre de rencontre", regrette M. Achour, qui prédit que "la rencontre de ce dimanche va encore nous distiller un discours d'austérité". Quant aux résultats de ce conclave à trois, le Cela ne se fait, visiblement, pas trop d'illusions même si, indique-t-il, "le gouvernement fait un geste en direction des syndicats autonomes et les convie à la prochaine tripartite". Dire que le syndicat va repousser une éventuelle invitation du gouvernement à prendre part à la prochaine tripartite, il y a, visiblement, un pas que le syndicat des enseignants des lycées franchirait allégrement. Et pour cause : "Leur geste ne se veut qu'un autre moyen pour nous détourner du terrain réel de la lutte", assure le secrétaire général de l'organisation. H. H.