Les marchés de l'or noir ont été suspendus pendant les deux jours derniers à Abu Dhabi où les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés non-Opep, menés par la Russie, étaient réunis en vue de trouver les moyens d'augmenter le taux de respect des objectifs de l'accord de réduction de production mis à mal par l'indiscipline de certains membres signataires ayant manqué à leurs engagements. Mais, au final, les informations qui sont ressorties de cette rencontre n'ont pas convaincu les marchés. "La plus grosse information à ressortir de la réunion a été que l'Arabie saoudite voudrait limiter ses exportations vers l'Asie de 10%", a noté David Madden, analyste chez CMC Markets, citant des sources de presse. "L'Arabie saoudite a annoncé qu'elle allait réduire ses expéditions d'or noir à ses clients d'au moins 520 000 barils/jour en septembre", indiquent les analystes Matières premières Chez Commerzbank. Ce qui devrait conduire, calculent-ils, à une baisse allant jusqu'à 10% pour les livraisons asiatiques. Toutefois, ont-ils ajouté, "on ne sait pas exactement de quel niveau de référence part l'Arabie saoudite". Riyad avait déjà promis fin juillet de limiter ses exportations en août à 6,6 millions de barils/jour (mbj), contre plus de 7,2 mbj certains mois de 2016. "Une réduction par rapport au niveau d'août se traduirait par une baisse des exportations à 6,1 millions de barils/jour, ce qui ne nous semble pas réaliste", ont-ils noté. "Les rumeurs et déclarations qui sont ressorties de l'Opep, relayées par les grandes agences financières, n'ont pas convaincu les investisseurs, car les plans du cartel pour augmenter le niveau de respect des objectifs se heurtent à une hausse de la production de nombreux pays", a expliqué Lukman Otunuga, analyste chez FXTM, ajoutant que "l'Equateur s'est déjà retiré de l'accord en raison de difficultés financières, et il faudrait plus que des déclarations d'intention pour éviter aux prix de reculer à nouveau". Dans son communiqué, l'Opep affirme que "les Emirats arabes unis, l'Irak, le Kazakhstan et la Malaisie ont exprimé leur soutien pour le mécanisme de surveillance de l'accord et leur volonté de coopération pour atteindre leurs objectifs", sans citer de mesure précise de la part de ces pays. Pourtant, cette réunion était attendue par les marchés. Une précédente réunion du comité de suivi de l'accord, le 24 juillet à Saint-Pétersbourg, avait quelque peu rassuré les marchés, car l'Arabie saoudite et la Russie avaient haussé le ton sur la nécessité de respecter les quotas de réduction. L'attitude du ministre saoudien du Pétrole, Khalid Al-Falih, qui, à Saint-Pétersbourg, avait vertement critiqué les membres de l'Opep n'ayant pas respecté leurs engagements à la lettre, a fait que cette réunion d'Abu Dhabi revêtait une grande importance pour les investisseurs qui s'attendent à des annonces concrètes. Par ailleurs, lors d'une récente visite au Gabon, Mohammed Sanusi Barkindo, secrétaire général de l'Opep, a laissé entendre qu'une nouvelle baisse de la production de certains pays membres du cartel était envisagée, notamment la production pétrolière de certains pays africains. Cela a laissé penser que la Libye et le Nigeria, deux pays jusqu'ici exonérés de cet ajustement de la production décidée depuis novembre 2016, seraient visés par ce plafonnement. Il semble bien que cela n'ait finalement pas suffi. Attentif aux résultats de la réunion, le baril continuait hier à jouer au yoyo dans une fourchette très restreinte. Vers 17h (heure algérienne), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 52,49 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 12 cents par rapport à la clôture de lundi. S. S.