Règlement de comptes, guerre de clans ou bataille pour la succession : la presse, dans ses diverses déclinaisons, rivalise de vocables pour tenter de décrypter ce qui s'apparente à un feuilleton de mauvais aloi, cette passe d'armes entre le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, visiblement sur la sellette, et le patron du FCE et, accessoirement, l'UGTA auxquels on prête une grande proximité avec le frère du Président présenté comme l'un des influents décideurs. Pour le Mouvement démocratique et social (MDS), "certaines forces attisent le feu, mais sans faire d'analyses approfondies". "Il n'y a pas si longtemps, on nous présentait la présence de Saïd Bouteflika aux côtés de Boudjedra comme un lâchage d'une chaîne télé, et voilà qu'aujourd'hui, celle-ci est présentée comme étant dans ses bonnes grâces", observe Hamid Farhi, coordinateur du parti, qui animait hier une conférence de presse à Alger. "Les analyses approximatives n'aident pas à construire une opinion", dit-il. Il reste que ces luttes "inquiètent", selon lui. "Il est possible que derrière ce bruit, il y a l'enjeu de l'élection présidentielle de 2019, mais nous considérons que la réaction du peuple après les propos de Tebboune ont effrayé certains au pouvoir", analyse-t-il, qualifiant la "réaction de positive". "Le peuple a donné deux grands signaux : l'abstention lors des élections et l'accueil favorable à l'annonce de la séparation de l'argent du politique", ajoute-t-il. Mais au-delà de ce constat, le MDS estime que seule la construction d'un front intérieur fort est à même de dépasser la crise. "C'est d'un mouvement fort de ses nouvelles compétences dont notre peuple a besoin pour éviter le dévoiement de ses succès, comme ce fut le cas après sa victoire face à l'islamisme." "Les forces de la production doivent être la colonne vertébrale du front intérieur", dit-il. Dans ce contexte, évolution sans doute dans la philosophie du parti, mais de la gauche en général, Hamid Farhi soutient que son parti ne "fait pas de différence entre le privé et le public". "On ne voit pas le FCE comme un danger, on n'a pas à se priver de l'expérience du privé. On a aussi besoin de dizaines d'opérateurs comme Rebrab et des entreprises publiques comme Cosider". Reste que pour le MDS, le pouvoir politique doit lever sa "tutelle" sur l'économie, mais également sur les autres secteurs. "Non seulement, il faut séparer l'argent de la politique, mais également la religion et l'Etat", rappelle le MDS qui réitère son appel à un "gouvernement du travail", "un changement de monnaie" et, entre autres, le transfert des subventions vers les salariés et les catégories vulnérables. Karim K.