Le chef de l'Etat a mis fin mardi dernier aux fonctions du Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, et a nommé Ahmed Ouyahia à ce poste, selon un communiqué de la présidence de la République diffusé par l'APS. Dans ce communiqué, il n'a cependant pas été demandé au successeur de Tebboune de former un nouveau gouvernement, ou de présenter un nouveau plan d'action. Ainsi, Ahmed Ouyahia n'ira pas, a priori, au Parlement, pour un exercice oral. Lors de la cérémonie de passation de consignes organisée mercredi, le nouveau Premier ministre, dans un jargon politique qui lui est familier, a affirmé qu'il espérait être à la hauteur de la confiance placée en lui par le président de la République et poursuivre ainsi l'application de son programme. Et d'ajouter : "Je remercie le président de la République pour la confiance qu'il a placée en ma personne et lui réaffirme mon soutien et ma volonté de poursuivre la mise en œuvre du programme qu'il a lancé en 2014." Le problème est que ce programme, établi alors que le baril de pétrole valait 100 dollars, n'est plus en phase avec la réalité d'aujourd'hui. Le cabinet Tebboune l'avait réactualisé et en a fait un plan d'action. Son successeur va certainement le reconduire, mais avec une nouvelle approche. Ouyahia et l'Exécutif qu'il conduit, effectuent une véritable course contre la montre. Il sait que plus le temps passe, plus le doute s'installe, dans une conjoncture économique des plus complexes. Il va tenter de sauver une économie qui connaît de sérieuses difficultés, en mode récessif, en raison de la déprime des marchés pétroliers et de la fonte des réserves de change. Le pays ne vivait et ne vit encore que de ses recettes tirées des hydrocarbures (près de 98% de ses exportations). Les dépenses publiques, alimentées par les revenus pétroliers, dont le nouveau Premier ministre n'est pas partisan, ont fortement perdu de l'élan. Elles tiraient vers le haut la croissance économique. Elles ne pourront cependant être revalorisées que si le prix du baril de pétrole dépasse les 100 dollars. Aujourd'hui, il tourne autour de 50 dollars. Quant au Fonds de régulation de recettes (FRR), le pays y a tellement ponctionné qu'il l'a vidé au bout de trois années de crise financière. Le FRR devait soutenir la dépense publique et pallier les problèmes nés de la crise. Il n'en a plus les moyens. Le FRR, ce bras financier mis en place à une époque d'aisance financière pas lointaine, le successeur de Tebboune ne pourra pas s'en servir. Que va-t-il faire, pour donner de l'espoir et des possibilités de sortie de crise ? Ouyahia, en pragmatique, va agir de manière à mettre de son côté toutes les chances de faire aboutir le plan d'action. Dans un contexte où l'appareil productif tourne au ralenti, le nouveau Premier ministre va essayer de mettre l'entreprise nationale, sans clivage entre secteur privé et secteur public, au cœur de sa démarche de relance et de diversification de l'économie nationale. Cette dernière s'articule autour de la réorganisation des politiques industrielles sectorielles, de la poursuite de l'effort de substitution à l'importation par l'encouragement et la protection du secteur productif. Youcef Salami