N'ayant pas pu tenir leur rassemblement devant le siège du ministère de la Justice à El-Biar, parce qu'empêchées par un dispositif de sécurité imperméable, les familles des disparus se sont résignées à organiser leur manifestation plus loin de l'endroit prévu la veille. Hier matin, toutes les ruelles menant aux bureaux de Tayeb Bélaïz, le garde des Sceaux, ont été fermées. Devant les forces de l'ordre chargées de faire respecter “l'interdiction de toute manifestation publique à Alger”, les familles des disparus ont été contenues sur le trottoir de l'avenue Ali-Khodja. Dans leurs slogans, elles ont dénoncé l'amnistie générale avant le rétablissement de la vérité sur les milliers de cas de disparition reconnues par les institutions de la République elles-mêmes. Les manifestantes qui continuent à revendiquer “la libération des disparus vivants, et il y en a”, affirment-elles, voulaient rencontrer le ministre de la Justice pour lui présenter leurs doléances surtout après les dernières déclarations de Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme (CNCPPDH). Sur proposition des officiers de police dont le seul souci était de disperser les manifestantes, la trentaine de mères et sœurs de disparus acceptent le principe de désigner une délégation pour voir le ministre. Mais après une attente qui a duré environ quarante minutes, la délégation constituée, entre autres, des responsables de SOS-Disparus et de l'Association nationale des familles de disparus, est revenue sans avoir vu le ministre de la Justice. L'officier a alors demandé de rédiger une lettre qui sera transmise au garde des Sceaux. Cela ne sera pas fait. Les manifestantes ont fini, disent-elles, par comprendre que “c'était beaucoup plus une manœuvre pour les disperser qu'autre chose”. Les familles se regroupent alors sur le trottoir de l'avenue Ali-Khodja pour dénoncer la “hogra”, demander “la vérité sur leurs enfants” sous le regard curieux des passants, et l'œil vigilant des policiers. K. D.