Près de 34% des accidents de la circulation sont dus à l'état de l'infrastructure, tels le tracé routier et la déformation de la chaussée. Les autoroutes algériennes répondent-elles aux normes requises en matière de sécurité des infrastructures et des grands ouvrages autoroutiers ? Les normes de matérialisation et les structures autoroutières obéissent-elles également aux législations internationales en matière de prestations et de prise en charge des usagers de la route ? Les experts des travaux publics sont sceptiques. Hier, lors d'un colloque algéro-français ayant pour thème : "La sécurité autoroutière et les grands ouvrages routiers", organisé par le ministère des Travaux publics et des Transports et Business France, plusieurs intervenants ont mis l'accent sur la nécessité d'améliorer l'exploitation de l'autoroute Est-Ouest, la signalisation, la qualité de la chaussée et la multiplication des audits à même de mettre à jour la législation en vigueur en matière de respect des normes de construction, mais également de mettre fin au vide juridique qui, souvent, s'inscrit en porte-à-faux avec les termes des cahiers des charges régissant les travaux routiers et autoroutiers. Dans son intervention, intitulée "Amélioration de la sécurité routière des usagers : l'adhérence, l'uni des chaussées et les audits de la sécurité routière", le conseiller résident jumelage européen détaché du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), Smaïl Hamlat, a révélé que sur 22 000 requêtes enregistrées annuellement, près de 34% des accidents de la circulation sont dus à l'état de l'infrastructure, tels le tracé routier et la déformation de la chaussée. D'autres intervenants ont également évoqué la gestion des risques autoroutiers, comme la prise en charge d'un accident dans un tunnel autoroutier, les dispositifs de signalisation sur les véhicules d'intervention et l'obligation d'instaurer une législation spécifique pour protéger les automobilistes et la certification des équipements de la route. L'objectif étant d'échanger les expériences avec la France, ce colloque a eu le mérite de décliner les insuffisances constatées en Algérie quant à la sécurité autoroutière et aux grands ouvrages routiers. Si pour le moment les autoroutes algériennes sont en chantier, y compris l'autoroute Est-Ouest, longue de 1216 km, il est clair que le gouvernement tente d'apporter des réponses et de confirmer, encore une fois, que nos autoroutes ne répondent pas aux normes requises. En ce sens, un représentant du ministère des Travaux publics et des Transports a révélé que l'Algérie disposera de 5 500 km d'autoroute à l'horizon 2025, dont 2 000 km sur la pénétrante Nord-Sud, en l'occurrence sur les tronçons Mascara-Bordj Badji-Mokhtar et Skikda-Djanet. Pour répondre à certaines normes, le gouvernement a prévu, dans son plan, 47 gares de péage sur les échangeurs, 1 286 unités d'appels d'urgence, 1 850 télécabines, des centres d'entretien, des aires de repos, des aires de services, des unités mobiles d'intervention en cas d'accidents de la route, des caméras de surveillance, des pelotons de sécurité, des radars et autres infrastructures liées à la gestion et à la bonne gouvernance des autoroutes et des grands ouvrages. "Mais ces réponses sont inscrites à moyen et à long termes. Il faudra d'abord que l'Algérie améliore le cadre législatif sur la sécurité routière sur les autoroutes. Aujourd'hui, nous n'avons même pas des contrôles systématiques des charges des véhicules et encore moins de dispositifs qui permettraient de réduire les sinistres et la déformation de la chaussée", nous dira un autre expert en marge de cette rencontre. En d'autres termes, la mise à niveau et l'introduction des nouveaux paramètres dans la sécurité autoroutière coûterait plus cher à l'Algérie dans les prochaines années. FARID BELGACEM