Le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, a réuni hier, à Alger, les directeurs de l'énergie de wilaya (DDE). Au cours de cette rencontre, une série de difficultés ont été soulevées, allant des problèmes simples à résoudre, telle la vétusté du bâtiment du siège de la direction de l'énergie de Constantine, par exemple, aux problèmes complexes comme le manque de ressources à l'origine du gel de nombreux projets de distribution publique de gaz (DP de gaz), ou encore, l'anarchie qui s'est emparée de la gestion des stations-service. La direction de Blida a parlé concrètement d'un projet structurant de distribution de gaz devant alimenter 13 000 foyers, qui rencontre de gros problèmes. Le ministre a écouté les doléances des responsables locaux du secteur de l'énergie et promis de mettre tout en œuvre pour valoriser le rôle des DDE et de leur permettre de travailler dans des conditions normales. Touchant du doigt un problème central, celui des huiles usagées et ce qu'on en fait aujourd'hui, Mustapha Guitouni a déclaré qu'il n'est pas normal que leur gestion soit laissée au gré des gérants des stations-service, proposant qu'une commission soit mise en place en coordination avec le ministère de l'Environnement et des Energies renouvelables pour mieux cerner les problèmes relatifs aux huiles usagées, des déchets, de surcroît, cancérigènes. De même, il a recommandé que soit élaboré un cahier des charges dont le but est de réorganiser les stations-service pour plus de commodités, parce qu'elles en manquent cruellement. Et cela est inacceptable. Il a aussi pointé du doigt des "branchement électriques illicites" qui représentent 10% de la consommation globale "cela doit cesser, et une police de l'énergie sera créée en vue de lutter contre ces fraudes et les agressions contre les réseaux de transport de l'électricité et du gaz". Au sujet des créances impayées, le ministre de l'Energie a affirmé que 26 milliards de dinars ont été débloqués pour payer les arriérés qu'on doit aux entreprises, à commencer par celle de petite taille. Et d'ajouter au sujet des répercussions des difficultés financières sur la marche des projets, qu'il ne souhaite pas parler de projets gelés, mais de projets différés. En réponse aux questions des journalistes qui l'interrogeaient sur le prochain avis d'appels d'offres dans l'exploration, Guitouni a rappelé que les derniers avis d'appels d'offre se sont révélés infructueux et que l'on doit nous préparer avant de mettre des périmètres d'hydrocarbures en compétition. Actuellement, l'industrie pétrolière étant ce qu'elle est à l'échelle mondiale, nous devons, a-t-il ajouté, rendre attractif notre de secteur de l'énergie. Par quel bais ? Par la modification de la législation pétrolière ? Le renouvelable : prérogatives des uns et des autres Le successeur de Nordine Boutarfa s'est gardé de donner des détails sur le sujet, soulignant à grands traits que le partenariat souhaité avec les sociétés étrangères pour la relance de l'effort en exploration ne peut se faire que dans le cadre d'un accord équilibré qui tienne compte des transformations fondamentales qui s'opèrent dans l'industrie pétrolière mondiale. Avec l'effondrement du prix du pétrole et la réduction drastique de leur budget d'investissement, poursuit-il, ces sociétés deviennent plus sélectives dans le choix des opportunités disponibles à travers le monde, notamment dans les pays qui ont modifié leur législation pétrolière, ou sont en voie de le faire. Autre chapitre abordé par le ministre de l'Energie : le renouvelable. Guitouni a apporté un éclairage sur la frontière entre deux départements ministériels chargés des énergies propres, expliquant les prérogatives de chacun. Il a ainsi indiqué que les petits projets dans le renouvelable et leur promotion, relèvent du ministère de l'Environnement, les grands projets de l'énergie. Et le mégaprojet des 4 000 mégawatts ? "Nous y travaillons, et nous nous donnons le temps nécessaire pour bien le gérer", a-t-il dit. L'appel d'offres se rapportant aux 4 000 MW devait être lancé fin mars 2017. À ce jour, il ne l'a pas encore été, alors que la procédure d'appel d'offres pour la production des énergies renouvelables ou de cogénération et leur intégration dans le système national d'approvisionnement en énergie électrique a été définie dans un décret publié dans le Journal officiel, il y a quelques mois. Trois principaux éléments sont à retenir dans l'élaboration de cet appel d'offres. D'abord que Sonatrach participera à hauteur de 40% dans chaque société de projet, Sonelgaz et les entreprises publiques et privées nationales à 11%. Ensuite, l'implication du privé national dans le capital de chacune des sociétés de projet ne dépassera pas les 6%. Ce schéma va-t-il changer ? Mustapha Guitouni n'y a pas répondu, affirmant qu'on verra ce qu'on pourra faire. Il a, par ailleurs, déclaré que, pour le moment, il n'y a pas de relèvements des prix de l'énergie (carburants et électricité). Youcef Salami