Suite aux recommandations adoptées par la Grande commission mixte algéro-mauritanienne en décembre 2016, pour l'ouverture d'un passage frontalier entre les deux pays, une commission technique a examiné les mécanismes et moyens techniques et matériels pour la concrétisation de ce projet. Ce passage constitue également une évolution "qualitative" dans les relations de coopération bilatérales à différentes échelles, notamment la fluidité de la circulation des personnes et des biens, le renforcement des échanges économiques, commerciaux et culturels, la coordination sécuritaire permettant la sécurisation des frontières communes, ainsi que la lutte contre la migration clandestine et le crime transfrontalier. Dans ce cadre, il est prévu le bitumage d'un tronçon routier de plus de 70 kilomètres pour faciliter la circulation des véhicules. L'objectif, à long terme, est de relier Tindouf à Zouerate pour faciliter le trafic routier entre les deux pays. L'annonce de l'ouverture de ce poste frontalier, prévue dans deux mois, n'a pas été du goût de Rabat, qui y voit une menace pour le trafic des marchandises du Maroc vers le Sahel à travers le passage d'El-Guergarat, existant entre le Maroc et la Mauritanie. En effet, Rabat a réagi rapidement par le biais de son chef de la diplomatie en marge des travaux de l'Assemblée générale des Nations unies. Il a averti que son pays ne ménagera aucun effort pour sécuriser le trafic routier entre le Maroc et les Etats de l'Afrique de l'Ouest. Des médias marocains ont même véhiculé la semaine écoulée une information, attribuée à leurs homologues mauritaniens et algériens, selon laquelle la Mauritanie aurait décidé de fermer le point de passage d'El-Guergarat. Poussant plus loin leur spéculation, ils ont affirmé que cette fermeture sera suivie par l'ouverture du poste frontalier algéro-mauritanien, cité plus haut, pour que le fer algérien de Ghara Djebilat soit transporté par chemin de fer jusqu'au port atlantique mauritanien de Nouadhibou pour être exporté. Toute cette agitation s'explique par la froideur des relations bilatérales entre le Maroc et la Mauritanie, d'autant plus que cette dernière refuse toujours de désigner un ambassadeur à Rabat, poste vacant depuis 2012. Merzak Tigrine