Les habitants de Aïn Barbar (Annaba), une zone enclavée où vivaient autrefois plus de deux mille âmes, pratiquement livrés a eux-mêmes, ont été forcés un certain 9 septembre 2003 par la horde sanguinaire qui sévit dans les monts de l'Edough, 0à quitter les lieux, abandonnant derrière eux leurs maisons, terres et autres biens. Depuis, les 160 familles, qui ont choisi de s'installer dans des conditions précaires à Seraïdi, vivent dans la misère et la souffrance. Située sur la lisière des monts de l'Edough, à une vingtaine de kilomètres du village touristique de Seraïdi (900 mètres d'altitude surplombant la vile de Annaba), la localité côtière de Aïn Barbar, réputée pour être l'un des plus beaux sites naturels de la région, pour sa dense forêt et ses plages encore à l'état sauvage, est, depuis près de deux années, une ville fantôme où personne n'ose s'aventurer. Aujourd'hui, et après la fermeture de la caserne de la garde communale, Aïn Barbar, comme Romanat (un petit bourg à quelques kilomètres plus loin), livrés aux caprices du temps, offrent des scènes d'une autre ère. Le destin des habitants de Aïn Barbar ont décidé ainsi. Durant l'occupation française, les familles de cette zone, dont la quasi-majorité sont originaires du douar de Beni-Ouichaoua, sur les monts de l'Edough, ont été regroupées de force par l'occupant. Près de quarante-trois ans après l'indépendance, elles furent contraintes à l'exode par les islamistes terroristes. Ces familles, dont certaines d'entre-elles ont occupé indûment des logements en cours de construction de différents types, et d'autres ont été recasées un peu partout, comme au Centre de rééducation sportive et physique (Creps), vivent dans des conditions difficiles, voire archaïques, en raison du chômage forcé dans lequel se sont retrouvés les chefs de famille. “Nous nous sommes retrouvés du jour au lendemain sans ressources, après avoir fui en abandonnant tous nos biens derrière nous. La pêche et la culture des parcelles de terre étaient nos principales sources de revenus. Aujourd'hui, nous en sommes privés et ne savons plus quoi faire pour subvenir à nos besoins”, déplore l'un des chefs de famille. Aux yeux du maire de Seraïdi, ces familles constituent une charge supplémentaire, aussi bien pour ladite commune que les pouvoirs publics. Le président de l'APC de Seraïdi a indiqué, à ce sujet, qu'il est difficile pour la municipalité, en l'absence de moyens, de procurer de l'emploi pour ces familles, qui se trouvent dans une situation sociale précaire. “Pour le moment, l'aide de l'APC, a-t-il signalé, se résume à la prise en charge de factures d'énergie électrique et l'approvisionnement en AEP par le biais du citernage.” Ces nouveaux “réfugiés” du 3e millénaire, ne rêvent que d'un retour à la maison, mais à la seule condition que la sécurité soit renforcée, non seulement par l'installation d'une caserne de l'Armée nationale populaire à Aïn Barbar, mais surtout par la sécurisation de la route reliant Seraïdi à Aïn Barbar. Les vingt kilomètres qui séparent le chef-lieu de la commune de leurs dechras, Aïn Babar et Romanat, sont devenus l'itinéraire de la mort. D'ailleurs, selon un décompte non officiel, au moins trente personnes furent assassinées dans la région de Seraïdi, dont la plupart sur ce tronçon de la mort. Le président de l'APC de Seraïdi est le premier à reconnaître, d'ailleurs, que cette route, qui traverse une zone très accidentée et très boisée, est le seul obstacle pour le retour des familles, lequel (retour) demeure la solution unique pour elles afin de sortir de cette situation lamentable. B. B.