Certains habitants des villages côtiers de Aïn-Barbar et Romanet, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de la ville de Annaba, hésitent toujours à regagner leurs anciennes maisons, cinq mois après que les forces sécuritaires combinées aient reconquis ces régions après la réouverture d'une caserne de la garde communale et l'installation d'un campement permanent de l'Armée nationale populaire. Situées à la lisière des monts de l'Edough, à une vingtaine de kilomètres du village touristique de Seraïdi (900 mètres d'altitude surplombant la ville de Annaba), ces localités, réputées pour être les plus beaux sites naturels de la région, pour les denses forêts et les plages encore à l'état sauvage, étaient depuis plus de deux années aux mains des groupuscules islamistes armés et où personne n'osait s'aventurer. Les habitants de ces zones enclavées, où vivaient autrefois près de trois mille âmes, pratiquement livrés à eux-mêmes, ont été forcés un certain 9 septembre 2003 par les hordes sanguinaires à quitter les lieux, abandonnant derrière eux maisons, terres et autres biens. Depuis, ces réfugiés du 3e millénaire, qui ont occupé de force des logements en cours de réalisation ainsi que le centre de rééducation sportive et physique de Seraïdi, vivaient dans la souffrance et la misère noire. Aujourd'hui, beaucoup de villageois n'arrivent toujours pas à oublier les massacres perpétrés par les islamistes armés dans cette région. “Ce n'est pas facile d'oublier ce qui s'est passé dans ces deux villages. Souvent, les terroristes nous ont obligé à regarder les scènes macabres et croyez-moi, les images horribles, dont nous avons été témoins malgré nous, ne disparaîtront jamais de nos mémoires. Certes, les villages sont aujourd'hui sécurisés plus que jamais, mais le danger demeure toujours de mise sur les routes sinueuses et très boisées reliant nos villages, aussi bien vers Seraïdi que vers Chetaïbi”, estiment certains chefs de famille. Côté pouvoirs publics, l'on indique que les 150 familles du village côtier de Aïn Barbar regagneront prochainement leurs maisons. Ce retour est prévu après l'achèvement des travaux de réhabilitation des maisons et des infrastructures de base, entre autres, les écoles, le centre de santé, le bureau de poste… En effet, les autorités de la wilaya n'ont ménagé aucun effort pour être à l'heure. Ainsi, des actions de réhabilitation, tous azimuts, ont été lancées. Par ailleurs, les autorités locales, civiles et militaires ont effectué plusieurs visites sur les lieux pour s'enquérir de l'avancement des travaux de réhabilitation de ce village paradisiaque qui marie le bleu de la mer à la nature du versant nord des fameux monts de l'Edough. Par la même, des recommandations ont été émises par le wali à tous les directeurs de l'exécutif pour accélérer les travaux et être dans les délais. Pas plus tard que samedi dernier, le wali de Annaba, qui a affirmé que les moyens existent pour stabiliser les populations sur leurs terres et leur permettre de vivre dans la tranquillité et la sérénité d'antan, s'était rendu de nouveau sur les lieux pour s'enquérir de visu de l'avancement des travaux jugé très satisfaisant. Désormais, beaucoup de services (électricité, AEP et téléphone) fonctionnent à nouveau, alors que d'autres tirent à leur fin. Le chef de l'exécutif a, d'autre part, promis aux populations, notamment les jeunes, que des projets en direction des sans-emploi par le biais de différents dispositifs, dont la concession des terres forestières et la pêche, seront lancés dans les prochaines semaines. B. BADIS