Pour les parents d'élèves, il faut mettre un terme à l'absentéisme des enseignants et des élèves, phénomène qui a tendance à se généraliser. Inquiets, des parents d'élèves viennent de tirer la sonnette d'alarme pour attirer l'attention des responsables de l'éducation nationale sur l'absentéisme des enseignants et la surcharge des classes réparties en double service quotidien, les enfants passant à l'école six heures par jour, selon divers arrangements horaires. Les rues s'emplissent et se vident à leur rythme. Va-et-vient complexe. C'est toujours l'heure de l'école pour quelqu'un. Dans de telles conditions de surcharge, l'absentéisme, tant de l'élève que de l'enseignant, avec des pointes de croissance dans les CEM et les lycées 5- Juillet et Zaghloul, est plutôt bienvenu que combattu. Les fouilles d'absence journalière font d'ailleurs souvent défaut. “Parmi mes élèves de la cinquième année, il y en a 15 sur 50 qui lisent couramment, mais 10 qui ne savent pas écrire leur nom, ni en arabe ni en français”, nous dira une enseignante. L'accroissement de la population scolarisable a pris de vitesse la scolarisation. Le gus de la masse est écarté, ces jeunes exclus se trouvent impliqués dans les activités économiques : revente de cigarettes à la sauvette, de sacs plastiques, mais, avant tout, ils s'approprient la rue où les vols par agressions sont plus qualifiants que ceux des salles de classe. L'obtention ou non par un élève de circonstances atténuantes n'est pas indépendante de ses origines sociales. Lors des conseils décisifs, les directeurs ou directrices d'établissement noircissent ou minimisent les appréciations des enseignants : un fils de magistrat n'est pas un fils d'ouvrier. Double caractère sociale de la sélection : ceux dont les conditions d'étude sont les plus favorables voient leurs privilèges renforcés. La qualité de l'enseignement dans le lycée Ouled-Kablia contraste avec celle du lycée 5-Juillet. En effet, certains bénéficient d'une sélection occulte des enseignants. Pour y accéder, il faut un tour de passe-passe, c'est-à-dire connaître quelqu'un. De telles manœuvres restent, cependant, l'apanage d'une infime minorité. Pour certains enseignants vacataires, le rêve est passé. Les deux frères de la famille B., diplômés d'université, ont vu toutes leurs attentes déçues. Ils attendent depuis 5 ans une permanisation qui tarde à venir. “Vous êtes l'avenir du pays”, répétaient de bonne foi leurs inspecteurs. Ils y ont cru forcément. Tous les espoirs étaient permis. L'horizon des vacataires s'est noirci au fil des années. “Le pire est là”, déplore Yamina, enseignante de français depuis 4 ans. Cette absence tragique de perspectives ne laisse d'autres choix que de se morfondre, ou d'attendre qu'une possibilité d'emploi se dégage. “Du reste, je perçois un salaire de misère. On voudrait que les pouvoirs publics nous aident au risque de nous faire quitter le métier. Mais non ! Ils préfèrent attendre que leurs branches malades meurent et tombent d'elles-mêmes. Cet abandon est scandaleux.” D. M.