Le secteur de l'éducation à Djelfa va très mal. Le lourd passif a engendré les résultats que tout le monde connaît aujourd'hui. De l'élève aux plus hauts responsables. La situation jugée catastrophique, il y a deux ans par le président de l'APW, n'a fait qu'empirer. 5000 élèves n'ont pu rejoindre les bancs de l'école, à cause du manque d'encadrement. Les postes d'emploi, qui ont toujours manqué à la wilaya, n'ont jamais atteint les normes nationales, pas même celles des wilayas limitrophes. Pour une population qui est passée de 500 000 à un million d'habitants, les postes budgétaires alloués à la wilaya n'ont pratiquement pas augmenté d'où l'importante surcharge que connaissent la plupart des établissements tous cycles confondus : 45 à 114 élèves par classe. Le classement en dernière position aux résultats du baccalauréat directement lié au déficit en postes d'emploi. Au moins 360 enseignants et 69 administratifs ont manqué au premier cycle pour la rentrée scolaire 2004 - 2005. Pour le deuxième et troisième cycles, le déficit était respectivement de 20 enseignants et de 170 , en plus de 200 autres dans divers postes. Il y a lieu de noter que les dizaines d'infrastructures réalisées ces dernières années n'ont pas été accompagnées de nouveaux postes d'emploi. Aussi, 60 % des enseignants de langue française sont formés en littérature arabe. « Nous faisons du bricolage avec ce que nous avons », nous explique un cadre de la direction de l'éducation qui ajoute qu'à cause du manque d'un encadrement formé, les filières sont souvent enseignées par des professeurs qui ne sont pas formés pour, et « il arrive souvent qu'un enseignant de mathématiques dispense des cours d'anglais ! ». En vue de répondre à cet énorme déficit, une dérogation vient d'être accordée par le département Benbouzid pour le recrutement de 112 « anciens » enseignants en langues étrangères (français, anglais). Une initiative vivement accueillie, particulièrement par les parents d'élèves. La mauvaise gestion, le laisser-aller des responsables des établissements scolaires, le taux très élevé de l'absentéisme des enseignants, le manque de transport (93 bus) dans les zones enclavées, « la perpétuation de certains ch efs de service au niveau de la direction de l'éducation et l'ingérence de personnes influentes étrangères au secteur, qui ont fini par constituer un véritable lobby, sont à l'origine de la médiocrité qui ronge le secteur depuis plus d'une décennie selon les citoyens, les enseignants et les parents d'élèves qui ont participé à des réunions avec les membres de l'APW afin de tirer la sonnette d'alarme ». Le 6 octobre dernier, une nouvelle réunion regroupant les représentants de la société civile, des inspecteurs de l'enseignement, des directeurs d'établissements, des élus, ... présidée par le wali, avait pour ordre du jour de lancer le débat sur les problèmes et les maux dont souffre le secteur de l'éducation. Mardi dernier, toutes les parties concernées ont été conviées par le premier magistrat de la wilaya afin de procéder à l'installation d'une commission de réflexion. Les travaux de cette commission feront l'objet de rapports détaillés sur la situation critique que connaît le secteur, qui seront soumis au ministre de l'Education nationale qui se rendra à Djelfa dans les jours prochains.