Triste a été et restera cette journée du 26 septembre 2017. Slimane Benaziez vient de nous quitter, suite à une longue maladie qu'il a vaillamment combattue pendant de longs et pénibles mois avant qu'elle n'ait son dernier mot. Et les mots, monsieur Benaziez en connaissait un bon bout. Et pas que les mots. Les chiffres et les calculs, les dates et les évènements, l'histoire et la géographie, les religions et leurs doctrines, la terre et les planètes, les familles et leur généalogie, la presse et ses journalistes, la littérature et ses auteurs, la vie et ses déboires, l'Algérie et son Histoire... Rien n'échappait à sa mémoire infaillible et personne ne pouvait éviter son regard inquisiteur. Son verbe aiguisé, son ton souvent provocateur enrobé d'un petit soupçon de douceur, ses réparties vite trouvées, ses répliques parfois sanglantes, ses moqueries, ses boutades, ses récits légendaires, sa richesse historique, son ouverture d'esprit, son entêtement, son sourire narquois, son érudition, son éloquence, sa verve, son humour... Toute cette richesse, et bien d'autres encore (qualités et parfois défauts aux yeux de ceux qui n'admettent pas d'être contredits) font de Slimane Benaziez un homme inoubliable pour ceux qui l'ont connu et côtoyé. Natif de Béjaïa (Ighil Ali) en 1946 et matheux de formation, il a pleinement consacré sa vie à acquérir le savoir et à le partager avec les autres. Combinant entre son flegme scientifique et cartésien, et son don journalistique et littéraire, son parcours professionnel a été des plus enrichissants. Il travailla au Centre nucléaire d'Alger, dirigea la revue scientifique Sciences Magazine, fut journaliste à, entre autres titres, El Moudjahid et Algérie-Actualité, directeur de l'édition à l'Anep (entreprise nationale d'édition et de publicité) ; il enseigna le journalisme à l'université de Ben Aknoun et encadra plusieurs jeunes dans diverses branches, soucieux de les voir émerger, chacun dans son domaine. Ces dernières années, son souci était aussi de faire des recherches et de déterrer de grands noms que notre petite histoire a oubliés, ou plutôt notre Grande Histoire qui devait se souvenir de l'Emir Abdelkader, de Malek Bennabi, de Mohamed Tazerout et d'autres penseurs qui sont la fierté de notre culture et de notre histoire. Son parcours a été riche, de cette richesse qui vous fait dire qu'il a sûrement vécu plusieurs vies parallèles, chevauchant la Grande Histoire et les siècles qui l'ont vue passer, tant son savoir était grand et sa culture immense. Cette vie vient de prendre fin, mais beaucoup de générations se souviendront longtemps encore de Slimane Benaziez, cet érudit au regard espiègle. Samira Bendris-Oulebsir