Le Parti des travailleurs ne restera pas les "bras croisés", promet Mme Hanoune, d'autant que, indique-t-elle, la mobilisation se manifeste déjà sur les réseaux sociaux et dans la presse. Pour avoir piloté la campagne contre la loi de Chakib Khelil en 2005 ayant conduit au gel du texte par le président de la République, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, est revenue, de nouveau, à la charge, hier à Alger, au lendemain de l'annonce par Ouyahia de l'intention du gouvernement de réviser la loi sur les hydrocarbures, pour exprimer ouvertement ses "inquiétudes" et réitérer sa "détermination" à s'opposer à cette entreprise. "Le Premier ministre annonce la révision de la loi sur les hydrocarbures. Nous sommes très inquiets", a déclaré la secrétaire générale du PT dans son intervention à l'ouverture des travaux de la réunion du bureau politique de son parti. "L'Algérie n'est pas seulement ouverte. Elle est à plat ventre. On ressemble à l'Egypte, au début des années 80, lorsqu'elle est entrée en crise", soutient Louisa Hanoune pour qui la révision devrait porter probablement sur la suppression de la taxe sur les superprofits, laquelle avait fortement "dérangé" les multinationales dans l'ancien texte. "Il s'agit de supprimer la taxe sur les superprofits qui a dérangé les multinationales", estime-t-elle, avant de rappeler que son parti a pu recueillir 1,3 million de signatures en 2005, dénonçant la loi Khelil. Une requête remise alors au président de la République. "Pourquoi changer la loi ? Est-ce qu'il s'agit de changer la règle 49/51, une décision souveraine du pays ? Supprimer les nationalisations ?" s'interroge-t-elle. En tout cas, son parti ne restera pas les "bras croisés", promet-elle, d'autant que la mobilisation se manifeste déjà sur les réseaux sociaux et dans la presse, le texte étant assimilable au "démembrement du pays". À propos du gaz de schiste dont le gouvernement souhaite relancer l'exploration, Louisa Hanoune tient à préciser d'abord qu'il s'agit "d'une ressource nationale" et qu'"il faut prendre les mesures appropriées". "Mais s'il est lié à la révision de la loi sur les hydrocarbures, nos peurs augmentent." Si Mme Hanoune applaudit la mesure de l'impôt sur la fortune, encore se demande-t-elle quand ? Comment ? Quel seuil ? Et s'il y a une volonté de l'appliquer, Louisa Hanoune considère le programme d'Ahmed Ouyahia comme "une fuite en avant". "C'est un danger pour l'intégrité du pays, son contenu détruit les ressorts. On alerte, car les signes de la misère sont là et nourrissent le terrorisme", met-elle en garde. Selon elle, le recours au financement non conventionnel est une "catastrophe" et dénote l'"absence de vision prospective et anticipatrice de la part des responsables". "Cette orientation est un danger, y compris sur la sécurité nationale", soutient-elle. Tout en s'interrogeant sur les structures habilitées à contrôler l'argent qui sera fabriqué, Louisa Hanoune rappelle l'existence de niches fiscales susceptibles de renflouer les caisses de l'Etat. Mais elle demeure convaincue que le plan de ce gouvernement profite essentiellement aux oligarques. Evoquant la première étape des préparatifs au prochain scrutin, Louisa Hanoune, dont le parti sera présent dans 43 wilayas, a fait état de "dérives incalculables", allant de l'hégémonie des partis du pouvoir, à la corruption, en passant par le constat de "fractures au sein de l'administration". Le tout dans un contexte de "défiance totale chez le peuple par rapport aux élections", la dégradation des conditions de vie, le refus de certains citoyens de s'engager dans la bataille ainsi que le désengagement des femmes. "Le RND a acheté 4 de nos listes à Chlef et le FLN 5 à Tiaret", a-t-elle révélé. Karim Kebir