Douze ans après l'adoption de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, les plaies demeurent ouvertes tout autant pour les familles des disparus que pour celles des victimes du terrorisme. Ni la charte qui a "décrété" que le "dossier est clos", ni les indemnités, proposées aux familles par la défunte CNCPPDH de Me Ksentini et encore moins les "entraves" des autorités ne sont visiblement susceptibles de faire renoncer à ces familles leur principale revendication : connaître la vérité sur le sort de leurs proches. "On veut savoir ce qui s'est passé. Nous nous battons pour savoir, pour la vérité et la justice, et non pour tourner la page", a rappelé, hier, Nassira Dutour, responsable du Collectif des familles des disparus en Algérie (CFDA) lors d'une conférence de presse conjointe avec l'association Djazaïrouna et SOS-disparus organisée au siège du FFS à Alger. "Nous avons toujours mené campagne contre la charte, celle-ci est une énième amnistie. Depuis 2006, la charte impose l'oubli, le silence, celui d'oublier nos enfants", déplore Nassira Dutour. "On ne va pas pardonner. Après 25 ans, malgré les entraves, on continue toujours à chercher la vérité. Il y a des milliers de disparus. Qu'ont-ils fait d'eux ? On veut connaître la vérité, s'ils sont morts. Dites-nous la vérité et on verra si on peut pardonner", interpelle, pour sa part, Mme Boucherf Fatma Zohra, vice-présidente de l'association SOS-disparus. Responsable de l'association Djazaïrouna, Chérifa Kheddar s'interroge, quant à elle, sur le travail de la commission de suivi de la mise en application de la charte. "12 ans après, nous ne savons pas ce qu'elle devient. Qu'a-t-elle fait ? Où est son rapport ?", s'interroge-t-elle. Pour elle, les "victimes sont ignorées" par la charte. Interrogée pour savoir si la majorité des familles avait accepté l'indemnisation comme l'avait affirmé Ksentini, Chérifa Kheddar a rappelé que "les indemnités sont reconnues par la loi, mais cela ne signifie pas renoncer à demander la vérité sur le sort des disparus". Karim K.