L'Autorité palestinienne est préoccupée par les législatives qui devraient se tenir le 17 juillet. Mahmoud Abbas et Qoreï sont devant un dilemme inextricable, se demandant s'il ne vaut pas mieux les reporter. Le problème est que Hamas prend part pour la première fois à ces élections qu'il risque de remporter. Aux municipales partielles du début de l'année, le parti islamiste avait raflé la mise, y compris dans les localités auparavant sous la férule du Fatah. Le mouvement historique de la Palestine et de l'Autorité palestinienne est travaillé par la même inquiétude. Le Fatah plaide ouvertement pour le report, ne cachant pas son obsession de passer la main aux hommes de Hamas, sortis grands vainqueurs de récentes élections dans la bande de Gaza, leur fief, mais aussi en Cisjordanie. La parade est que les élections ne pourront avoir lieu à la date prévue car le Parlement palestinien (Conseil législatif palestinien) ne sera pas parvenu à voter, trois mois avant le scrutin, une nouvelle loi électorale. La Commission centrale des élections a fait savoir qu'il lui fallait un délai de plus trois mois pour organiser le scrutin. Officiellement, le Conseil n'a pas encore réussi à se prononcer définitivement sur le mode de scrutin. Certains députés sont favorables à des élections par circonscriptions, d'autres prônent la proportionnelle, tandis qu'un troisième groupe préconise un mélange des deux. Les chefs politiques du Hamas, eux, se sont déclarés opposés à un report des législatives, soulignant qu'il faut respecter les arrangements conclus entre les différents groupes palestiniens lors du dialogue inter-palestinien le mois dernier au Caire et à l'issue duquel ces groupes ont proclamé une trêve informelle dans les attaques anti-israéliennes. Le mois dernier, le Hamas a annoncé son intention de participer aux législatives qu'il avait boycottées lors des premières et dernières élections au CLP en 1996. Il avait aussi refusé de présenter des candidats à la présidentielle de 1996, qui avait vu la victoire de Yasser Arafat ainsi, qu'à celle du 9 janvier 2005 remportée par Mahmoud Abbas. Le Hamas a toutefois pris part, pour la première fois, en décembre et janvier à des élections municipales partielles, qui lui avaient permis de remporter une victoire face au Fatah. D'autres municipales partielles avec la participation du Hamas sont prévues le 28 avril dans une centaine de municipalités de Cisjordanie, notamment à Ramallah, Bethléem, Kalkiliya et Tulkarem ainsi que dans des zones de la bande de Gaza. Les Front populaire et démocratique de libération de la Palestine (FPLP et FDLP), deux autres mouvements radicaux, doivent également prendre part au scrutin. Le Jihad islamique a, de son côté, affirmé qu'il ne présenterait pas de candidats. Le CLP issu des élections de 1996 est dominé par le Fatah avec 62 sièges sur 83. Le succès de Hamas est d'autant plus envisageable, que l'élection de Mahmud Abbas n'a pas encore produit l'onde de choc attendue. Israël est resté fidèle à lui-même et les Palestiniens attendent toujours de véritables changements. D. B.