Le président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise), Abdelwahab Derbal, a admis, hier, lors d'un point de presse animé à Bouira, que son instance "manque de moyens" pour assurer "à la perfection" sa tâche de surveillance des rendez-vous électoraux. "Nous n'avons pas les moyens de notre politique. C'est un fait, et lors de nos rapports, nous avons fait état de ces carences", a-t-il indiqué. Pour lui, l'instance qu'il dirige est "dépassée par les événements", notamment le jour du scrutin. "Je le dis en toute honnêteté, nous sommes dépassés et heureusement que la tâche de l'organisation des élections ne nous incombe pas." Dans le registre de "l'impuissance" de cet organisme, Derbal admettra également que lors des dernières législatives, la Hiise avait émis 38 réserves aux différents partis politiques, mais qui sont restées sans suite. "Notre instance fait de son mieux pour veiller à la stricte application des lois. Néanmoins, nous sommes confrontés dans certains cas à des obstacles face auxquels nous demeurons impuissants", fera-t-il savoir. S'agissant de l'assainissement du fichier électoral national, Abdelwahab Derbal évoquera "le lourd héritage" du colonialisme dans l'attribution des patronymes, et qu'il faudrait, selon lui, nettoyer le fichier national de l'état civil, pour pouvoir "assainir de manière complète et efficiente" les fichiers électoraux. Toutefois, il précisera que le processus est "en cours" et que par rapport aux dernières élections, il a été assaini de manière "significative". Interrogé à propos de certains "couacs" dans l'assainissement des listes électorales observés un peu partout à travers le pays, l'hôte de Bouira s'expliquera ainsi : "Ces imperfections de l'application concernent les citoyens qui se sont inscrits dans une nouvelle municipalité après avoir changé de commune de résidence sans automatiquement être radiés de l'ancienne par l'application mise en place." Ces "défaillances", selon M. Derbal, concernent uniquement quelques communes à travers plusieurs wilayas. Concernant la transparence des élections, le président de la Hiise a tenu à préciser que son instance n'a pas pour vocation d'être "le gardien" des partis politiques, mais plutôt "veiller au strict respect de la loi". Cette définition donnée par M. Derbal est relativement en contradiction avec l'appellation de son instance, laquelle inclut le mot "surveillance". D'ailleurs, et toujours au chapitre de la transparence, M. Derbal a tenu à expliciter les articles 193 et 194 de la Constitution qui fixent le rôle de l'administration et la transparence dans les élections. Une manière de se dédouaner ou plutôt de se décharger de cette mission, ô combien périlleuse en Algérie. En outre, le président de la Hiise n'a pas omis de mettre l'accent sur "l'importance de la formation des personnes impliquées dans l'organisation des élections, notamment la corporation des magistrats". La formation représente, a-t-il soutenu, la colonne vertébrale pour un bon déroulement et la crédibilité des élections. Elle doit, selon ses dires, concerner tous ceux qui ont un rapport avec les élections, y compris la presse et les partis politiques, a-t-il martelé. RAMDANE BOURAHLA