Ahmed Ouyahia semble plus que jamais dérangé par les voix discordantes qui critiquent l'action du gouvernement ou évoquent la santé du Président. Il ne rate aucune occasion, depuis son retour aux affaires, de vilipender l'opposition. Après avoir qualifié les partis d'opposition de "commerçants de la politique", et ses attaques virulentes publiquement prononcées à l'APN, le Premier ministre a, une fois de plus, ouvert le feu sur les mêmes cibles ce week-end, sur la chaîne Ennahar TV. "L'hystérie politique actuelle de certains (les partis d'opposition) qui ne proposent aucune alternative au peuple — ils ne font que critiquer — me rappelle la campagne pour la présidentielle de 2004, lorsqu'on a accusé l'Etat d'avoir jeté l'argent du peuple", a-t-il dit en accusant l'opposition d'"exploiter la situation financière" du pays. M. Ouyahia, qui s'est exprimé en tant que chef du RND, reproche également aux acteurs de l'opposition de "s'attaquer" au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dont l'état de santé, estiment-ils, l'empêche d'exercer pleinement ses missions. Une réalité que M. Ouyahia nie. "Ces gens n'ont rien d'autre à faire que de s'acharner sur le président de la République. Ils disent que le Président n'est pas capable, qu'il doit partir. Nous leur disons que le Président va bien et remplit convenablement ses missions et que l'Algérie dispose bien d'institutions issues d'élections organisées chaque cinq ans", défend-il. "C'est bien le président de la République qui dirige le pays", a encore insisté M. Ouyahia, même s'il avoue que l'Algérie traverse une situation économique et politique "difficile". Auparavant, faut-il le rappeler, notamment dans ses réponses aux députés lors du débat sur le plan d'action du gouvernement, Ouyahia avait déjà donné une réplique d'une rare violence aux élus de l'opposition qui avaient critiqué sa feuille de route. Ses cibles de prédilection sont notamment le RCD et le MSP, mais aussi Noureddine Boukrouh ou encore Jil Jadid de Soufiane Djilali et, plus généralement, tous ceux qui appellent au départ du système. "Des carriéristes de l'opposition ont accusé le système de mafieux et l'Etat de voyou. Maintenant, c'est à mon tour de m'exprimer dans le cadre de la démocratie : le peuple n'oubliera pas que ce groupe (de carriéristes) était absent de la scène lorsqu'il était question de la bataille pour la démocratie. Nous les avions invités à participer au dialogue et ils avaient refusé sous prétexte qu'ils ne voulaient pas se retrouver autour d'une même table avec certains, ces mêmes qui sont devenus leurs partenaires. Les militants de l'amazighité n'oublieront pas votre absence à l'heure de vérité, quand le président de la République avait proposé l'officialisation de la langue amazighe." Telle a été la diatribe d'Ouyahia rapportée dans l'une de nos éditions précédentes. Ouyahia est revenu à de meilleurs sentiments à l'occasion de son passage au Conseil de la nation où il avait tenu des propos plutôt tempérés. Il s'y était même déclaré "ouvert" et "disposé à dialoguer" avec l'ensemble des représentants de la classe politique. Ce n'était, finalement, qu'une petite trêve. Désormais, il est difficile de croire à un dialogue entre l'opposition et le gouvernement. Farid Abdeladim