Les villes de Oued Amizour et d'Akbou, qui comptent parmi les principales coordinations du mouvement citoyen qui rejettent le dialogue, ont renoué avec le climat de tension entre manifestants et forces de l'ordre à l'occasion du 4e anniversaire du Printemps noir. À Amizour où l'on célébrait, hier, 22 avril, la fameuse arrestation de collégiens qui a mis le feu aux poudres de la Kabylie en enclenchant le cycle des émeutes et des répressions qui ont endeuillé la région, ce sont deux manifestations bien distinctes qui ont été organisées. Les dialoguistes ont opté pour une symbolique et bien modeste prise de parole avec la population au centre culturel Malek Bouguermouh alors que leurs camarades d'hier, Ies non dialoguistes, eux, ont choisi d'investir la rue pour une marche qui se voulait populaire, mais qui n'a drainé que quelques dizaines de personnes. C'est à l'issue de cette marche et du “meeting” qui l'a ponctuée, alors que les animateurs se dispersaient, que des grappes de jeunes manifestants en colère se sont attaqués aux policiers déployés tout autour du commissariat. À l'heure où nous mettons sous presse, Ies échauffourées continuent toujours, cependant si on ne signale, fort heureusement, aucun blessé grave, en revanche, cinq manifestants ont été arrêtés par les services de police. Trois étaient toujours détenus alors que deux mineurs ont été relâchés. La ville d'Akbou, par contre, a renoué avec l'émeute depuis la journée du 20 avril à ce jour. À l'origine, c'est un groupe de manifestants en colère et déçus de n'avoir pu bénéficier d'un moyen de transport pour rallier la ville de Béjaïa où se tenaient les principales festivités prévues par les archs et les partis politiques à l'occasion du Printemps berbère, qui a décidé de s'en prendre aux policiers en arrosant le commissariat de projectiles divers, en brûlant des pneus au milieu de la chaussée et en dressant des barricades sur les routes tout autour. Les policiers ont riposté en usant de bombes lacrymogènes et en tirant sur les manifestants avec des balles en caoutchouc. Un jeune de 25 ans a d'ailleurs été sérieusement blessé à l'épaule le soir du 20 avril, mais il a pu regagner son domicile après un court séjour à l'hôpital. La rumeur de son décès, amplifiée et colportée de bouche à oreille, a d'ailleurs fait le tour de la région en très peu de temps et contribué à porter la tension à son paroxysme parmi les jeunes insurgés. Ce vendredi après-midi, des renforts de policiers antiémeutes ont été dépêchés à Akbou alors que du côté des émeutiers, des jeunes de plusieurs villages voisins ont convergé vers les lieux des affrontements. De source hospitalière, on apprend qu'une quarantaine de blessés légers ont été enregistrés parmi lesquels 26 policiers. on a également appris que quatre manifestants ont été arrêtés avant d'être relâchés après audition. Tard dans la soirée d'hier, la route vers l'hôpital était toujours barricadée par les manifestants. D. A.