Depuis Tizi Ouzou où il s'est rendu samedi, le ministre de la Communication, Djamel Kaouane, a déclaré que "la loi sur la publicité n'est pas à l'ordre du jour du gouvernement". Autrement dit, le gouvernement a décidé de maintenir le statu quo, pour ne pas dire le monopole, sur une manne qui sert, d'aucuns le savent, de moyen de chantage sur la presse. En effet, c'est largement établi, le marché de la publicité ne profite pas équitablement aux acteurs qui interviennent dans le secteur de l'information et de la communication. La publicité institutionnelle est répartie selon des critères subjectifs. Des publications au faible tirage, voire à une parution aléatoire, en bénéficient pendant que des publications à forte notoriété en sont privées. Une situation que l'absence d'une loi régissant le secteur favorise. En janvier 2015, l'ex-ministre de la Communication, Hamid Grine, avait pourtant annoncé que l'avant-projet de loi sur la publicité était prêt et transmis au secrétariat général du gouvernement. Le débat sur la répartition de la manne publicitaire — évaluée à 70 milliards de dinars — étant biaisé, Djamel Kaouane ne semble pas manifester une réelle volonté de relancer ce texte de loi. Pourtant, M. Kaouane avait avoué que depuis l'année 2014, ce sont 26 quotidiens et 34 hebdomadaires qui ont définitivement disparu du paysage médiatique national, alors que d'autres quotidiens et d'autres hebdomadaires et magazines frôlent une situation financière à la limite de la cessation de payement. Bien que ce ne soit pas le cas, M. Kaouane tente une diversion en affirmant que "l'Anep est en bonne santé financière". M. Kaouane a d'ailleurs tranché lors de son dernier passage à la Radio Chaîne III, en affirmant que "nous sommes en crise" et que "le modèle économique est devenu obsolète partout dans le monde". Autrement dit, le ministre n'exclut guère que d'autres titres puissent succomber à cette crise financière. Et de menacer en des termes à peine voilés en disant qu'"il est impératif de repenser le métier (...) La presse doit absolument faire sa mue et mettre le pied dans le XXIe siècle marqué par le défi du numérique. Pour être attractive et regagner ses lettres de noblesse, celle-ci doit revenir à sa vocation initiale et universelle, celle d'informer". Des déclarations qui ne rassurent guère les professionnels des médias qui appréhendent d'ores et déjà la descente aux enfers de la presse nationale. FARID BELGACEM