Le Gouvernorat d'Alger a disparu, mais son émiettement administratif ne l'est pas encore. Des administrations, et non des moindres, demeurent sous le coup du découpage qui avait dépecé Alger de ses communes limitrophes. Un vrai casse-tête pour les administrés des anciennes communes récupérées par la wilaya d'Alger, dès lors que son statut de Gouvernorat a été abrogé. Les clients des grandes administrations du service public, la Cnas, la Sonalgaz et les services des impôts, résidant dans les circonscriptions que le Gouvernorat d'Alger avait cédé aux wilayas limitrophes (Boumerdès, Bouira et Tipasa), sont encore sous le coup de cet ancien découpage territorial. Un exemple pour expliquer cette anomalie : les assurés et ayants droit de la Cnas de Aïn-Benian, Staouéli, Zéralda, Draria, El-Achour, Baba-Hassen, Douéra et Saoula doivent se rendre à Koléa, dans la wilaya de Tipasa, pour régler leurs problèmes. Pour les retraités, la situation est encore plus kafkaïenne : pour être éligibles aux services de la Cnas dans leur lieu de résidence, ils doivent changer de centre payeur en transférant leur dossier de la CNR d'Alger à son département de Tipasa ! Selon des responsables de la Cnas de Koléa, le problème est effectivement une anomalie, mais malgré le précieux outil informatique, le re-basculement des dossiers hérités au temps du gouvernorat n'est pas chose facile. En effet, s'il est un domaine où la Cnas a réussi, c'est bien dans l'informatisation de ses services. Avec les Chèques postaux, c'est un établissement de service public doté d'une toile informatique au sens où elle fonctionne en réseau véritablement intégré. La Cnas compte doter prochainement ses clients de cartes à puce. Idem pour les prestations de Sonelgaz. Pour un contentieux, un nouveau branchement ou une déviation, les résidants de ces communes, auparavant, rattachées à Tipasa, doivent faire le déplacement à Hadjout, sinon dans le chef-lieu de cette wilaya. Les régions limitrophes de Boumerdès et Bouira, dont les communes ont été récupérées par la wilaya d'Alger, vivent le même calvaire. La démarche est identique pour les impôts. Cette situation, en porte-à-faux avec les déclarations incessantes des autorités sur la dé-bureaucratisation et le rapprochement des administrations des administrés, met le doigt sur toute la vigilance qui doit entourer toute nouvelle mesure de découpage. De fait, lorsque l'e-gouvernement (le gouvernement électronique) sera établi, comme le promet le gouvernement, ces questions n'auront plus lieu d'être. Avec des réseaux informatiques fonctionnant en Intranet, les prestations pourraient alors être servies de n'importe où. En attendant, les administrés des communes limitrophes d'Alger doivent prendre leurs maux administratifs en patience… A. F.