Quelques sympathisants klaxonnent au rond-point de l'ancienne faculté de droit de Ben Aknoun où se trouve le siège du Rassemblement national démocratique (RND) à Alger. Certains automobilistes semblent, en ce jour d'élection pour les locales, exprimer, ainsi, leur adhésion au parti d'Ouyahia. Enthousiaste à cette idée, un jeune militant nous accueille, aux abords du siège, avec un gobelet de café dans une main et une cigarette dans l'autre. Revigoré par l'expression tonitruante du témoignage de sympathie en faveur du RND, il voit, indubitablement, dans ce signe, une preuve de la "popularité" de son parti. Il explique alors que, d'après lui, "les jeux sont faits". Parle-t-il de la fraude ? "Mais non, pas du tout !" Pour lui, "voter RND, c'est voter l'Algérie". Il en veut pour simple preuve le fait que le chef de son parti soit Premier ministre. Par conséquent, il est naturel pour lui de plaider pour "la stabilité du pays et de ses institutions". Encore faut-il que pour préserver cet "acquis", le RND, considéré comme la seconde force politique en Algérie, confirme sa progression sous peine que son rival, l'ex-parti unique, le FLN, en vienne à lui disputer la chefferie du gouvernement. Par ailleurs, les informations faisant état d'escarmouches dans plusieurs coins du pays entre les partisans des deux partis le laissent de marbre. Loin de se démonter, il estime que la première place aux élections en Algérie n'est pas toujours déterminante dans le choix du Premier ministre qui, d'après son assertion, obéit aussi à d'autres critères dont on ne connaîtra pas toutefois la teneur. Une chose est néanmoins sûre, à l'entendre, le RND est, bel et bien, un parti du pouvoir. Le faible taux de participation (19%) annoncé à 14 heures n'entame en rien son optimisme. Il se dit même très confiant quant à l'issue de ce double scrutin. Il compte essentiellement sur la mobilisation des militants du RND qui, selon lui, ne vont pas tarder à intervenir et rameuter les foules. Durant un court instant d'hésitation, on se demande comment. "De quelle manière ?" Notre interlocuteur, ayant réponse à tout, croit détenir la solution : "Nous avons des candidats jeunes, crédibles et compétents. Leur sélection s'est faite par la base. Ils sauront faire ce qu'il faut pour amener les gens à voter !" Devant les allées et venues de plusieurs militants, on rappellera au jeune Rndiste l'objet de notre visite et notre désir de rencontrer un cadre du parti. Il finira par nous apprendre que le secrétaire général du RND, et non moins Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait voté, tôt dans la matinée, au CEM Pasteur à Alger-Centre et qu'il devait se rendre dans l'après-midi à son bureau du RND. Mohamed-Chérif Lachichi